La 30e Conférence des Parties (COP30) s’ouvre ce lundi 10 novembre à Belém, au Brésil. L’emplacement de Belém en Amazonie est symboliquement important tant l’avenir de l’humanité et de toute la Création dépend de la sauvegarde des forêts. Ville aux portes de l’Amazonie, en proie au défi de protection des forêts et des peuples autochtones qui l’habitent, sa tenue questionne la place de l’homme au cœur d’une biodiversité dont il dépend pour sa survie.
Denis Sassou Nguesso, président du Congo Brazzaville faisait remarquer aux participants réunis dès l’ouverture : « Dix ans après l’accord de Paris de 2015, force est de relever le fossé béant entre les ambitions proclamées et la grande insuffisance des efforts réalisés ».
La COP 30 est une étape décisive pour relever les ambitions de l’Accord de Paris. En voici quelques enjeux définis par le CCFD terre solidaire :
- Justice climatique : répondre à l’injustice profonde selon laquelle les pays les plus pauvres, responsables de moins de 5 % des émissions historiques, subissent les conséquences les plus graves du réchauffement climatique.
- Révision des contributions climatiques nationales (NDC) : les pays doivent soumettre de nouveaux engagements de réduction d’ici 2030. Or, selon ONU Climat, seuls 10 États l’avaient fait en temps voulu début 2025.
- Financement climatique : multiplier par trois les ressources pour aider les pays pauvres à s’adapter, une exigence réitérée par la société civile mondiale.
- Transition énergétique juste : accompagner les pays du Sud dans l’abandon des énergies fossiles vers des énergies renouvelables, en garantissant le respect des droits de l’homme, le consentement des populations locales et une réduction des inégalités.
- Protection des forêts tropicales : un enjeu central pour le Brésil, notamment avec l’arrêt de la déforestation illégale d’ici 2030.
Réunis en Assemblée pleinière à Lourdes, les évêques ont aussi été interpellés par le patriarche orthodoxe Bartholomée sur le défi spirituel au coeur des défis écologiques, politiques et économiques.
Nous le savons, la crise que traverse notre monde ne se limite pas aux tensions politiques, aux guerres ou aux déséquilibres économiques. Elle plonge plus profondément, dans une blessure spirituelle. L’humanité a oublié son âme. Nous avons perdu le sens du sacré, et avec lui, le sens de la fraternité. Lorsque Dieu disparaît du regard humain, la terre devient un bien à exploiter, l’autre un rival à craindre, et la vie elle-même une marchandise. La rupture avec le Créateur engendre la rupture entre les créatures. C’est de cette amnésie spirituelle que naissent la violence, la peur et l’injustice. C’est pourquoi nous, disciples du Christ, portons une responsabilité sacrée. Nous devons rappeler au monde que la paix ne se bâtit pas sur la seule raison humaine, mais sur la reconnaissance du divin en chaque personne. Elle ne se réduit pas à une absence de conflit, mais elle est communion, écoute, pardon. Elle est le fruit de cœurs réconciliés et d’âmes ouvertes à la transcendance. Extrait de l’allocution du patriarche orthodoxe Bartholomée aux évêques de France réunis en Assemblée pleinière à Lourdes
Présence spiritaine en Amazonie
La tenue de cette COP jusqu’au 21 novembre questionne l’engagement spiritain dans cette région du monde. La présence spiritaine dans la région amazonienne a commencé en Guyane française en 1775, mais a été interrompue par la révolution française. L’arrivée des premiers confrères au Brésil a eu lieu en 1885 dans la ville de Belém, dans l’État du Pará. Notre présence en Bolivie a commencé en 2003 à Santa Cruz de la Sierra, dans le cadre de la commémoration du 300e anniversaire de la fondation de notre Congrégation. En avril 2024, les soeurs spiritaines ont ouvert une nouvelle Communauté au Brésil, aux Portes de l’Amazonie, dans le diocèse de Ponta das Pedras.
L’Amazonie a toujours fait partie de notre mission spiritaine. Nous prions pour que le travail de la COP30, inspiré par l’Esprit Saint, ouvre de nouvelles voies une écologie intégrale au service de tous les peuples. Cet événement mondial encourage notre famille religieuse à davantage s’engager dans la réalité amazonienne et nous invite à nous engager de plus en plus dans la défense de la Maison Commune.
Prière du pape François dans “Querida Amazonia”
Mère de la vie,
dans ton sein maternel s’est formé Jésus,
qui est le Seigneur de tout ce qui existe.
Ressuscité, il t’a transformée par sa lumière
et t’a faite reine de toute la création.
C’est pourquoi nous te demandons de régner, Marie,
dans le cœur palpitant de l’Amazonie.Montre-toi comme mère de toutes les créatures,
dans la beauté des fleurs, des rivières,
du grand fleuve qui la traverse
et de tout ce qui vibre dans ses forêts.
Prends soin avec tendresse de cette explosion de splendeur.Demande à Jésus de répandre son amour
sur les hommes et les femmes qui y vivent,
pour qu’ils sachent l’admirer et prendre soin d’elle.Fais naître ton Fils dans leurs cœurs
pour qu’il resplendisse en Amazonie,
dans ses peuples et ses cultures,
par la lumière de sa Parole, par le réconfort de son amour,
par son message de fraternité et de justice.Que dans chaque Eucharistie
s’élève aussi une telle merveille
pour la gloire du Père.Mère, regarde les pauvres de l’Amazonie,
parce que leur maison est en cours de destruction
pour des intérêts mesquins.
Que de douleur et que de misère,
que d’abandon et que de violations
en cette terre bénie,
débordante de vie !Touche la sensibilité des puissants
parce que, même si nous sentons qu’il est tard,
tu nous appelles à sauver
ce qui vit encore.Mère au cœur transpercé,
toi qui souffres dans tes enfants abusés
et dans la nature blessée,
règne toi-même en Amazonie
avec ton Fils.
Règne pour que personne ne se sente plus jamais maître
de l’œuvre de Dieu.Nous nous confions à toi, Mère de la vie,
ne nous abandonne pas
en cette heure sombre.
Amen.


