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«Il faut tout faire avec un grand cœur et une volonté énergique.» Daniel Brottier

« Plus on fait de grandes choses, plus on se sent petit ! Moins on s’occupe de soi, et plus la vie devient grande. » Daniel Brottier

C’est avec cette sagesse que Daniel Brottier, spiritain mort le 28 février 1936 s’était engagé auprès des Apprentis d’Auteuil. Béatifié par le pape Jean Paul II en 1984, il a marqué ceux qui l’ont rencontré par sa bonté, sa charité, son dynamisme missionnaire. Il a rayonné de l’amour de Dieu au service des Sénégalais, des soldats, des jeunes d’Auteuil et de tous ceux qui croisaient son chemin. En cette année de centenaire de tutelle spiritaine, on salue sa mémoire avec d’autant plus de reconnaissance.

Âme missionnaire entre la France et le Sénégal

Ordonné prêtre à 23 ans, il débute son sacerdoce comme professeur au collège de Pontlevoy, près de Blois. S’il se révèle être un éducateur né, ce poste bien installé ne convient guère à son âme entreprenante, assoiffée de dévouement. Entré dans la congrégation du Saint‐Esprit, il est envoyé à Saint-Louis du Sénégal et débarque à Dakar le 26 novembre 1903. Il se donne sans ménagement à tous ses paroissiens, animant catéchisme, conférences, lectures et autres activités comme, créer une fanfare, lancer un bulletin paroissial.

Mais en 1911, terriblement affaibli par de violentes migraines qui, depuis ses treize ans viennent fréquemment le frapper de douleurs et ce jusqu’à sa mort, il est obligé de rentrer en France. Et c’est à 4000 kilomètres du Sénégal qu’il collecte l’argent nécessaire pour bâtir la cathédrale de Dakar qui sera consacrée le 2 février 1936, quelques jours avant qu’il ne rende l’âme.

À l’épreuve de la guerre

Lorsque la guerre éclate, le père Brottier s’engage comme aumônier volontaire dans la 26ème division d’infanterie. Il est pourtant réformé en 1901, donc dégagé de toute obligation militaire. Mais pas question de rester spectateur impuissant devant la tourmente. Du 26 août 1914 jusqu’à l’Armistice, il frôle la mort plus d’une fois, participant à toutes les grandes batailles, des Flandres à Verdun : il n’est jamais blessé.

Pour lui, un aumônier doit être «là où ça cogne» parce que c’est aux portes de l’enfer que les soldats ont le plus besoin de voir la sainte croix. Partant toujours en tête des vagues d’assaut, il parcourt les lignes, sous le feu incessant des mitrailleuses, pour relever les soldats tombés, secourir les blessés, français comme allemands. Le père Brottier fait preuve d’un sang‐froid, d’un dévouement et d’un courage hors du commun qui forcent le respect, même des militaires les plus anticléricaux. Au combat comme au repos, le père Brottier est aux côtés de ses poilus. Dans les moments de détresse, il trouve les mots qui réconfortent et les plaisanteries qui font oublier un peu la torpeur dans laquelle les soldats sont plongés. La nuit, il inhume les morts. Sous sa soutane, déchiquetée par les multiples balles et les fils barbelés, pas une égratignure ne vient meurtrir sa chair. Très vite sa réputation d’«aumônier verni» est faite.

Un esprit pratique au service de la bonté

Le père Brottier a 47 ans lorsqu’il devient directeur de l’œuvre d’Auteuil. Et 25 ans après la mort de son fondateur, l’abbé Roussel, il est hanté par la même angoisse, celle de devoir rejeter à la rue des milliers d’orphelins, faute de place. Jusqu’à la fin de sa vie, il va consacrer toute son énergie à trouver les fonds nécessaires pour agrandir les bâtiments et créer de nouveaux ateliers d’apprentissage afin que la fonda‐ tion devienne une véritable «machine à sauver les orphelins ».

Conscient que l’argent est le nerf de la guerre et la presse, le moteur de la notoriété, il investit sans hésiter les premiers dons dans la publicité et organise de nombreux évènements, où il convie personnalités, leaders d’opinion et journalistes. En douze ans, l’Orphelinat d’Auteuil devient une solide œuvre caritative, passant de 140 à 1400 orphe‐ lins répartis dans la France entière.

La fondation est le fruit d’une Église moderne, celle voulue par le père Brottier, capable de «parler aux gens le langage qu’ils entendent» donnant pleinement son sens aux paroles du Christ. «Je peux m’en aller sans crainte, la chaîne d’amitié et de dévouement que j’ai fait naître autour de mes milliers d’orphelins est désormais indestructible.» C’est sur ces mots, que cette grande âme est partie sereine, consciente que sa bonté s’est répandue, suscitant d’incroyables dévouements.

Fresque de sa béatification

LES DATES CLÉS DE SA VIE

  • 1876 Naissance à La Ferté‐Saint‐Cyr (Loir et Cher)
  • 1899 Ordination sacerdotale
  • 1899 Surveillant et professeur au collège de Pontlevoy (41)
  • 1902  Entrée dans la congrégation du Saint‐Esprit
  • 1903  Missionnaire à Saint‐Louis (Sénégal)
  • 1911 Levée de fonds pour la cathédrale de Dakar (Souvenir Africain)
  • 1914 Aumônier volontaire (26ème division d’infanterie)
  • 1916 Décoration de la Légion d’honneur à Verdun
  • 1918 Fondateur de l’Union Nationale des Combattants
  • 1923 Directeur des Orphelins Apprentis d’Auteuil 1936 Il meurt à Paris
  • 1984 Béatification par le pape Jean‐Paul II à Rome