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L’évangile d’aujourd’hui nous montre comment Jésus a été victorieux des 3 tentations fondamentales qui font partie de la réalité de notre monde, celles qui font dériver nos besoins fondamentaux : celui de se nourrir, celui de vivre ensemble en paix et en sécurité. Le diable est toujours prêt à suggérer des solutions toutes faites, sources de bien des violences. Jésus aurait pu proposer son royaume comme nous le faisons d’habitude, c’est-à-dire sans enlever le mal à sa racine, c’est-à-dire cet égoïsme qui nous rend tous esclaves.
Un royaume à taille purement humaine ne change pas le cœur de l’homme : il ne nous apprend pas à aimer. En effet, si l’on a quelque pouvoir ou « ministère », insidieusement, nous passons presque instinctivement de la vocation de serviteur à celle de propriétaire de notre mission. Cette attitude est la source de bien des déceptions, des conflits et des guerres.

Habiter les déserts de nos vies

Jésus n’est pas venu au désert pour lui-même, en touriste j’allais dire, mais il a été envoyé par son Père pour habiter les déserts de nos vies et changer notre cœur avec nos fragilités, nos souffrances, nos choix tordus, notre manque d’amour et donc notre péché. Nos pauvretés deviennent lieux de rencontre avec lui et il nous invite à faire de sa victoire sur le mal notre victoire.

Examinons donc avec le Seigneur les grands choix de notre vie ; ces choix en effet ne sont pas souvent de vrais choix : nous laissons notre vie se dérouler en fonction des impressions du moment ou en complicité avec nos tentations. A la racine de nos vrais choix, en tant que disciples de Jésus, il y devrait toujours y avoir à se dire : « je ne peux pas être à la fois pour le Seigneur et contre Lui » ; de même que Jésus, dans le désert a dit au tentateur : « je ne peux pas être pour mon Père et contre mon Père.

Faire l’unité de nos vies avec Jésus

 L’enjeu est en fait une question de réconciliation, avec Dieu et avec nous-même.
En effet un de premiers fruits de l’action du Malin est de nous diviser : nous diviser en nous-mêmes, avec ceux qui nous entourent et avec Dieu. Le démon a voulu diviser Jésus d’avec son Père, alors que Jésus était venu nous réconcilier avec Lui.
Nous avons tous besoin de poser de gestes de réconciliation : Ces gestes, difficiles peut-être, mais libérateurs, nous aideront à rétablir des liens avec des personnes que nous retranchons de notre amitié : au bureau, à l’école, en famille même. Parfois, extérieurement, il ne s’est rien passé de grave… mais des silences ont pu s’installer, qui en disent long sur des blessures du coeur que l’on n’a pas su réparer ; des blessures qui risquent de s’agrandir avec le temps, et conduire à des ruptures. Parfois nous blessons avec des mots qui nous paraissent anodins, comme pour rire.

Le pape François dans ses homélies parle souvent du « commérage », c’est-à-dire de cette manie que nous avons de parler sur les autres sans discrétion. La langue, les commérages, les ragots sont des armes qui chaque jour assaillent la communauté humaine : avec la langue on peut arriver à tuer une personne. St Jacques disait déjà que « celui qui hait son frère dans son coeur est un assassin. C’est ainsi que même certaines familles peuvent se transformer en un enfer. Ne parlons pas de la politique où bien souvent le langage devient créateur de blessures.
Gardons-nous de cela et bien sûr de toute insulte, dont on s’aperçoit que le principal motif est de diminuer l’autre. Nous voyons n’ailleurs que si nous avons envie d’égratigner les autres c’est que nous avons des problèmes avec nous-mêmes : nous cherchons bien souvent à redorer notre image au détriment de autres.
Nous voyons que de graves conflits dans le monde et maintenant tout près de nous s’enlisent dans la durée, faute d’avoir trouvé l’écoute et les mots justes qui auraient pu ouvrir un chemin de dialogue et de réconciliation. Parfois, heureusement, il peut suffire d’un homme de bonne volonté pour empêcher un désastre : l’intervention d’un diplomate a suffi pendant la guerre pour sauver Paris de la destruction.


En terminant je voudrais dire qu’un lieu privilégié où le Seigneur nous rejoint dans nos déserts, est le sacrement de réconciliation. Nous devons y penser pendant ce carême. Dans ce sacrement, c’est le Seigneur qui vient vers nous pour guérir notre cœur et nous libérer de tout ce qui venant de nous sème la division. En nous réconciliant avec lui et avec nous-mêmes, le Seigneur nous rend capable d’aimer les autres, de nous réconcilier avec eux : alors nous les faisons grandir au lieu de les détruire et de nous détruire avec eux. Ce sacrement, que nous négligeons trop est un des aspects de cette révolution de la tendresse que le Seigneur met à notre portée. Soyons tout simplement des pauvres, qui accueillant dans nos vies la main tendue par le Christ, deviennent des témoins de la joie de l’évangile et des acteurs de la Paix

François Nicolas, spiritain à Chevilly Larue