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Comme si nous y étions

Rendons nous présents à ce dialogue autour du puits entre Jésus et la Samaritaine, comme si nous y étions. Jésus était arrivé là, fatigué du chemin : Il avait besoin de repos et avait soif, éprouvant nos fatigues et les limites de notre corps. Nous pouvons penser au long chemin que le Seigneur a parcouru pour venir jusqu’à nous, à travers une histoire qui révèle le désert de nos cœurs :  Il a soif de réponses de notre part…

Arrive cette femme de Samarie : Jésus lui demande à boire et elle réagit de façon agressive à ce service demandé : « comment, toi qui es juif tu me demandes à boire ? ». Jésus ne s’en offusque pas : Il sait que nos agressivités sont bien souvent l’expression de blessures intérieures accumulées, or il vient pour les guérir et nous redonner la paix. 

Jésus lui dit simplement : ” Si tu savais le don de Dieu et quel est celui qui te dit: “Donne-moi à boire”, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive ;” une « source jaillissant en  vie éternelle » :

Savons-nous-mêmes vraiment qui est Jésus pour nous et quelle soif il veut combler en nous ? En fait nos soifs sont bien superficielles… Déjà le prophète Jérémie l’avait évoqué  en disant : ” Ils m’abandonnent, moi la source d’eau vive pour se creuser de citernes qui ne retiennent pas l’eau”( Jér. 2,13). En fait, même dans nos prières, de quoi avons-nous vraiment soif ? Savons- trouver et retenir la Source qui est en nous ? Avec la Samaritaine, puissions-nous dire : “Seigneur, donne-moi de cette eau, pour que je n’aie pas soif et que je n’aie plus à venir puiser ici.” !

La guérison des blessures

Cette femme, qui vient toute seule chercher de l’eau en plein midi (une heure insolite !) porte en elle de grandes blessures : dans son propre village elle est méprisée, et se trouvant face à un juif elle sait qu’elle n’est qu’une Samaritaine, c’est-à-dire une hérétique.

C’est alors que Jésus va aider discrètement la Samaritaine à regarder sa vérité intérieure :  les blessures et les soifs non assouvies qui sont en elle. Il va évoquer les cinq compagnons qu’elle a eus successivement. C’est bien souvent au niveau de leur partie affective que se trouvent les grandes blessures de l’homme, il est si difficile d’aimer et de se laisser aimer !  Comme la Samaritaine laissons le Seigneur guérir la partie blessée de nous-même, là où il nous sentons fragiles et coupables … dans ces zones que nous ne voulons pas trop regarder.

La Samaritaine, mise en confiance par la façon dont Jésus a évoqué discrètement sa vie personnelle, aborde d’elle-même un autre sujet qui la tourmente : celui de la foi. Cela arrive souvent dans bien des conversations, mine de rien apparemment, même au bureau :  la foi, la religion, le sens de la vie est une question qui travaille beaucoup plus de gens que l’on ne pense.

La Samaritaine demande donc à Jésus d’éclairer sa foi. « où faut-il adorer Dieu, ici ou à Jérusalem » ? Dans l’univers religieux des juifs et des samaritains, chacun était hérétique pour l’autre ; et l’on sait qu’il n’y a rien de pire que les guerres entre religions ! .

Jésus entend la question et il ouvre un dialogue « inter-religieux » : sans rien gommer de sa foi juive : il va faire découvrir à la Samaritaine que l‘heure est venue où le temple de Dieu sera d’abord le coeur de l’homme ; si du moins celui-ci accepte de se laisser habiter par l’Esprit de Dieu. Le plus important, quel que soit le lieu où l’on prie,  sera  désormais d‘adorer Dieu  « en esprit et en vérité ». C’est en puisant à ce puits intérieur que l’homme pourra voir jaillir l’eau pour la vie éternelle.

Les nourritures terrestres

Cette femme qui avait eu beaucoup d’aventures amoureuses, savait ce qu’était une soif jamais apaisée, car le seul plaisir crée la solitude et le vide. Jésus évoque souvent dans l’évangile le boire et le manger, il sait l’importance des nourritures terrestres ( il nourrira la foule affamée) mais il nous dira que celles-ci ne suffissent pas pour nourrir notre cœur. Aux disciples qui revenaient après avoir acheté le repas il va dire : « j’ai une autre nourriture à manger ».

Nos sociétés « développées », rassasiées de consommation, semblent pourtant torturées par une faim, une insatisfaction, qu’elles ne savent pas comment assouvir (Le développement exponentiel des comportements addictifs en est un signe). Même a  sein de l’Eglise, bien des dérapages qui nous ont été révélés récemment montrent que beaucoup se sont trompés de faim et de soif.  L’eau que propose Jésus à la Samaritaine est l’objet d’une soif qui rend libre.

Journée de prière

Ce dimanche, depuis mars 2021, est une journée de prière les personnes victimes de violences, d’agressions sexuelles et d’abus de pouvoir et de conscience au sein de l’Eglise. Puisse cette prière rappeler à tous où et la véritable source. « Je le suis, moi qui te parle » dira Jésus à chacun comme à la Samaritaine.

Homélie de François Nicolas, spiritain à Chevilly Larue