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La revue spiritaine de mai-juin est le fruit d’un travail long, sensible et douloureux sur le mal qui touche l’Eglise : les abus spirituels, abus de pouvoir, abus sexuels : abus de confiance. Les religieux et religieuses de France concourent à la prise de conscience de l’ampleur des drames humains causés par ces abus.

Libérer la parole…et l’écoute

Ce numéro veille à encourager la prise de parole sur les histoires blessées d’hommes, de femmes et d’enfants. Et il reconnaît l’importance de se préparer à écouter les révélations qui vont se faire en fin d’année par la CIASE : la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église.

Il a fallu du temps et beaucoup d’écoute, de prière pour donner à votre lecture ces pages. Ce numéro ne se lira pas avec la même simplicité que d’autres numéros.Vous trouverez des témoignages de victimes, un regard spiritain sur la lutte et la prévention des abus, la formation des futurs prêtres et frères, des prières pour garder la foi dans cet abîme.

Vos courriers en réaction à sa lecture nous seront précieux.

Marc Botzung, provincial de France estime essentiel de prendre la parole dans ce numéro. Il l’explique par ces mots :

“Notre conviction est qu’il faut en parler, non par effet de mode, mais pour sortir du  silence, de la gêne ou de la crainte. Il nous faut être en capacité de parler de ce sujet car les réformes qu’implique ce sujet difficile demandent la participation de tous comme l’a bien senti le Pape François dans sa Lettre au Peuple de Dieu d’août 2018.

Parler, c’est d’abord faire droit au cri des personnes victimes qui demandent à être  entendues et crues. Elles souhaitent souvent savoir si elles furent les seules victimes  de l’agresseur, puis veulent s’assurer que les mesures nécessaires sont prises au niveau  de la Congrégation et plus largement de l’Église pour que de nouvelles situations ne se  reproduisent plus.

Parler, c’est aussi entamer une démarche de vérité et de justice. Cette démarche s’inscrit dans la suite du travail confié par la Conférence des Évêques de France (CEF)  et par la Conférence des Religieux et Religieuses de France (CORREF) à la Commission  Indépendante (CIASE) qui publiera son rapport à l’automne prochain et éclairera des  pans sombres de notre histoire ecclésiale française depuis 1950. Marc Botzung, provincial des spiritains de France

Voici un extrait de l’édito de Franz Lichtle, rédacteur en chef :

On a l’impression que ça bouge de partout. La parole se libère, on dénonce, on balance, on s’exprime. L’Église est prise à son tour dans le tourbillon. Elle a essayé par tous les moyens d’imposer le silence, de résister, de cacher, au nom d’une institution à sauver, au nom d’un sacré inattaquable. Mais le mouvement se fait trop fort, l’Église est contrainte. De nombreuses voix se lèvent de l’intérieur même de la communauté chrétienne. Après la mort du pape Jean-Paul II, Benoît XVI puis François ont hérité de ce lourd passif.

Après des hésitations, le pape François se met à l’écoute. Courageusement il permet, peu à peu, aux victimes d’être entendues, respectées. Courageusement, il demande à ce que les coupables soient dénoncés, jugés, punis, soignés, mis hors d’état de nuire. Le cléricalisme est montré du doigt. Des dizaines de milliers d’enfants et de personnes fragiles ont été victimes de ce crime. Que de vies gâchées, définitivement abîmées! Que faire? On ne peut pas tourner la page. Les spiritains partout dans le monde sont concernés.

En France, des initiatives sont prises pour retrouver des blessés, pour les écouter, pour les accompagner du mieux et pour mettre les prédateurs hors d’état de nuire. On en est au début. Nous ne pouvons plus nous taire. Nous devons donner la parole aux victimes pour qu’elles témoignent de leurs souffrances et de leur dégoût. Le corps est touché, l’âme est affectée. Franz Lichtlé, rédacteur en chef

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