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                                         Les rues de Port au Prince dans le chaos des gangs armés

Viens Esprit Saint, Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de piété, Esprit de crainte du Seigneur !

En vivant dans un pays en situation de guerre, notre esprit, étonnamment, s’habitue à la violence.

Il semble presque ordinaire d’entendre des tirs, le bruit des impacts sur les murs, de ne plus pouvoir se déplacer librement, d’apprendre qu’un nouveau drame est survenu dans tel ou tel ou tel quartier et même qu’une personne que l’on connait en est victime.

l’humanité corrompue par la violence

Il s’agit là peut-être d’un réflexe de survie : le recours à la prudence permanente et la banalisation du mal.

Et pourtant, lorsque que l’on prend un peu de hauteur, en particulier dans la prière, l’absurdité de la guerre nous est renvoyée en plein cœur.

Le Seigneur semble nous dire qu’il ne s’habitue pas, lui, à nos manques d’humanité, que celle-ci est pervertie, corrompue par l’usage outrancier à la violence.

Je garde comme une pierre d’achoppement dans le déroulé de l’attaque du Collège Saint Martial en Haïti, le fait que de nombreux jeunes de notre quartier, des garçons que l’on connait et qui ont souvent partagé de bons moments avec nous, étaient parmi les bandits armés, et avec eux, ont pillé et brûlé nos installations, jusqu’à nos chambres à coucher.

Le mal rend aveugle et sourd, il pervertit même les plus pauvres, il n’a ni mémoire ni cœur. La force destructrice emporte tout, elle supplante la crainte et la raison.

Je sais pourtant que le Seigneur, s’il est encore blessé par nos blessures, ne désespère pas.

Sa résurrection est aussi tenace que l’est sa désolation devant nos retours en arrière.

                   Les rues de Port au Prince dans le chaos semé par les gangs armés

Se rendre digne de sa mission vécue dans l’amour

Il ne se lasse pas plus qu’il ne s’habitue. Il y a toujours un après avec lui.

Et il nous fait signe d’avancer. Il nous encourage.

Je lisais l’évangile mardi : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

Le Seigneur nous charge d’une mission qu’il nous promet féconde et la pérenne, sous réserve qu’elle soit vécue dans l’amour. C’est la condition. En sommes-nous toujours dignes ?

La misère du monde actuelle ne cache-t-elle pas, fondamentalement, le manque de sincérité et de désintéressement de ses leaders ?

A l’heure où l’impression d’avoir tant perdu m’assaille, en devant quitter précipitamment un pays dévasté par l’absurdité des armes, je demande au Seigneur de nous faire grandir dans l’amour, dans la sincérité et le désintéressement, pour pouvoir agir avec une force d’entrainement qui portera des fruits inespérés.

Viens Esprit Saint, Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de piété, Esprit de crainte du Seigneur !

Benjamin Osio, spiritain rapatrié d’Haïti