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Pâques à Mampikony avec les spiritains sur l'île de Madagascar

Au jour des Rameaux, nous voyons la foule acclamer Jésus en étant consciente de tout le bien qu’il n’avait cessé de faire à ceux qui souffraient dans leur corps et dans leur cœur ; il venait même de délivrer Lazare de la mort !

Et pourtant, dans quelques heures, ceux qui accueillent Jésus à Jérusalem avec des rameaux pour l’honorer comme un roi se joindront peut-être à ceux qui vont demander sa mort. Il y a des moments où la peur, l’inconscience et la pression du mal avec toute son horreur, semblent l’emporter sur la raison et le cœur de l’homme : au milieu de la guerre mondiale, les camps de concentration en ont donné l‘exemple ; le monde s’est aperçu alors avec stupeur que les bourreaux des camps de la mort pouvaient être en même temps des pères de famille pleins d’attention pour leurs enfants.

Où sont les amis ?

On peut comprendre qu’au temps de Jésus la foule se soit laissée « désinformer », comme on dit aujourd’hui, mais les proches de Jésus, qui le suivaient fidèlement depuis trois ans, et ont été éclairés par ses paroles, se sont aussi effondrés ! Ce n’est pas la haine qui a eu prise sur les disciples, mais le découragement : ils n’avaient pas encore compris les paroles de Jésus leur annonçant un Royaume différent de la société dans laquelle ils étaient trop habitués de vivre ; aussi, face à la réalité de l’échec apparent, ils ont traversé le désarroi : à la mesure de l’immense espoir qu’ils avaient placé à leur manière en Jésus. Cette expérience rejoint celle de nos contemporains, tentés par le désenchantement » face aux épreuves de l’Eglise.

Bientôt, au jardin des oliviers, complètement abasourdis par ce qu’ils croyaient être comme un échec de leur foi en Jésus et son royaume, les disciples ne se sentiront même plus la force de prier avec Jésus ; ils se laisseront terrasser par le sommeil… et Jésus se retrouvera seul.. Quand notre foi traverse des périodes de désarroi, savons-nous les vivre dans la prière dans un véritable cœur à cœur avec le Christ soufrant avec nous et nous avec Lui?

Le découragement est sans doute une tentation, mais il est surtout une épreuve, une épreuve qui aide à faire le passage vers une autre façon d’aimer, une autre façon de vivre aussi !

La grande épreuve de Jésus

Sur la Croix, comme déjà au jardin des oliviers, Jésus n’a pas connu la tentation mais il a surtout traversé la terrible expérience de la solitude (comme tant de « confinés » aujourd’hui dans les hôpitaux, coupés de leurs familles). Les disciples, les amis de Jésus, l’ont abandonné, mais l’épreuve la plus grande a été le silence de son Père et l’incompréhension ou la peur des siens : Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » a-t-il crié.  C’est à cet instant décisif que Jésus, assumant toutes les solitudes et détresses de notre humanité, les a traversées par la force indestructible de la confiance et de l’amour. Pourquoi m’as-tu abandonné ? J’ai entendu une personne me dire avec angoisse, peu avant sa mort : « Je n’ai plus la foi » ; épreuve ultime ! Mais, presque aussitôt, j’ai vu son visage se transformer, elle était rejointe  par une grâce extraordinaire d’abandon et de de paix. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a vécu une purification semblable avant de mourir. Que notre prière obtienne cette grâce a beaucoup de nos frères et sœurs mourants ou vivant une grande épreuve !

Jésus ayant voulu descendre avec nous jusqu’au plus profond de nos désespérances nous saurons désormais qu’il n’y a pas de détresse humaine qui puisse échapper à sa présence : à la présence de Dieu. Le Fils, dans un cri d’amour, a rendu à son Père son dernier souffle ; Il nous a donné en même temps le premier souffle de la Vie Nouvelle, cette vie dont Il est désormais le secret et le « chemin ». L’amour manifesté jusqu’au bout sur la Croix prend à contre-pied toutes les pratiques habituelles de l’humanité ; toutes les haines et toutes les lâchetés qui sont notre quotidien : c’est l’amour qui donne la vie, c’est l’amour qui ressuscite.

 

Orientations. Il est important d’entendre aujourd’hui et toute cette semaine le message que le Christ nous a transmis sur la Croix. Jésus nous montre par son geste qu’avec son Père Il a confiance en l‘homme et en son avenir; Il s’abandonne à l’amour du Père et nous confie en même temps à Lui. La peur ou le découragement qui nous menacent face aux drames qui nous surprennent  capituleront finalement  face à l’amour qui nous vient de Dieu, et à l’espérance qui en découle. Jésus nous a donné par avance ce que nous avons voulu  lui prendre, c’est-à-dire la Vie : il nous revient aujourd’hui plus que jamais de le laisser agir en notre cœur, de « veiller » avec Lui sur nous-mêmes et sur nos frères humains.