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Il y a 200 ans…

Le 18 août 1792, un décret de l’Assemblée législative supprime les Congrégations séculières, notamment celle du Saint-Esprit, officiellement reconnus en 1734. Les étudiants se dispersent, les prêtres du Saint-Esprit retournent dans leurs diocèses d’origine et la maison de la rue des Postes est confisquée. Le 10 septembre, Bertout, réfugié dans le Boulonnais, s’embarque pour l’Angleterre, où il restera jusqu’en 1802.

De retour à Paris, la bataille administrative commence

C’est donc au cours de l’année 1802 que M. Bertout rentre en France.  Les bâtiments de l’actuelle maison-mère des spiritains sont occupés par l’École normale. Vers 1802, sans perdre de temps, M. Bertout présenta au « Général Premier Consul », avec les Supérieurs des Lazaristes et des Missions Etrangères, un mémoire en faveur du « ci-devant Séminaire du Saint-Esprit, chargé des Missions de la Guyane, du Sénégal, de Saint-Pierre et Miquelon. » Bonaparte remit ce mémoire à Portalis, Conseiller d’État pour les cultes, qui lui fit signer, le 7 prairial an XII (27 mai 1804), un décret ordonnant la fusion des trois instituts missionnaires en un seul Séminaire des Missions Etrangères. Mais ce décret, difficilement applicable, demeura sans effet.

Lorsque le Pape Pie VII vint à Paris pour le sacre de Napoléon, M. Bertout, grâce à ses relations, obtient que le Souverain Pontife désigne au gouvernement impérial, « le séminaire du Saint-Esprit, comme devant rendre de grands services aux colonies françaises, et le mit au nombre des trois établissements qu’il était urgent de rétablir. » En réponse à ce désir du Pape, le Séminaire du Saint-Esprit a été rétabli par un décret impérial du 2 germinal an XIII (23 mars 1805). Ce décret rétablissant le Séminaire du Saint-Esprit, ne lui rend pas l’immeuble de la rue des Postes, qui est aliéné, mais confère à M. Bertout le titre de Supérieur. 

Avant de pouvoir rentrer de nouveau rue des Postes, Bertout loue une maison rue du Cherche-Midi pour y établir son petit séminaire, mais en 1809 la Congrégation est de nouveau supprimée.

Il semble qu’entre 1810 et 1815, M. Bertout se retira au séminaire des Missions Etrangères, mais cela ne l’empêcha pas de poursuivre ses démarches en vue du rétablissement de sa Congrégation et de la réintégration du séminaire rue des Postes.

Bertout s’était constitué des relations avec des cardinaux romains qui pourraient lui être utile en retour. Et, après 1809, il maintint toutes ses relations avec eux et la Sacrée Congrégation de la Propagande qui, elle-même, « continuait de s’intéresser à la restauration du Saint-Esprit, et comptait sur le prochain rétablissement de cette œuvre pour l’évangélisation des Colonies françaises. »

Une persévérance à toute épreuve

Lorsqu’en 1814 Louis XVIII remonte sur le trône, l’espoir renaît chez M. Bertout. Dès le 10 juillet, il écrit au cardinal Préfet de la Propagande pour lui demander le rétablissement légal de son séminaire, la restitution de la maison de la rue des Postes, et des fonds pour la formation des missionnaires.

Conscient qu’il ne pourra accomplir pleinement sa tâche que lorsqu’il aura réintégré l’immeuble de la rue des Postes, M. Bertout multipliera les démarches pour arriver à ses fins et, il réussira à intéresser à cette cause le duc d’Angoulême et Talleyrand.

Ces deux hauts personnages parvinrent donc à convaincre le ministre des Cultes et celui de la Marine que, dans les conditions actuelles où il se trouvait, M. Bertout ne pouvait mener à bien la mission que le Gouvernement lui avait confiée et que la seule solution était la réintégration du Séminaire de la rue des Postes.

Fort de cet appui, M. Bertout, sixième Supérieur général se met d’accord avec M. Angar fils, pour qu’il rende à ses légitimes propriétaires l’immeuble demeuré presque intact ; et le 13 juillet 1819, un sous-seing est passé entre les deux parties, faisant promesse de vente à M. Bertout, « au nom et au profit de la Congrégation du Saint-Esprit », à des conditions modérées. Deux mois plus tard, le 13 septembre, le contrat de vente des bâtiments du Saint-Esprit, pour la somme de 103.000 francs, est signé entre les héritiers Angar et M. Bertout, par-devant les notaires Mes Boulard et Viénot. Enfin, le 21 décembre, cette acquisition est approuvée par une ordonnance royale.

Vers la restitution du Séminaire des missions

Quelque temps après ce rachat, le 17 mai 1820, le baron Portal, Ministre de la Marine et des Colonies, fait connaître aux gouverneurs les arrangements pris avec la Congrégation du Saint-Esprit, par une circulaire dans laquelle on lit : « Jusqu’à ce que la Congrégation soit en état de suffire par des sujets sortis de son sein à tous les besoins du service du culte catholique dans nos établissements des deux Indes, il sera pourvu aux vacances qui surviendront, à l’aide des prêtres tirés des divers diocèses ; mais ces ecclésiastiques ne seront envoyés à leur destination qu’après avoir passé un certain temps au Séminaire du Saint-Esprit. »

Le 27 juillet de la même année, M. Bertout fait l’acquisition de la maison du n°2 de l’impasse des Vignes, attenant au Séminaire, moyennant la somme de 22.000 francs. Cette acquisition est approuvée par une ordonnance royale du 22 août 1821.

À cette date, le Séminaire du Saint-Esprit n’a toujours pas réintégré l’immeuble de la rue des Postes. En effet, si M. Bertout en est de nouveau le propriétaire légal, la maison est occupée par l’École normale supérieure qui la loue et dont le bail court jusqu’en 1826. Une nouvelle fois, Bertout va se démener pour parvenir à ses fins, et entreprendre d’instantes démarches pour rentrer dans cette maison qui était le berceau de la Congrégation.

Bien que le 21 février 1822 une ordonnance royale assignât la Sorbonne comme nouveau local à l’École normale, celle-ci ne bougea pas. Cependant, sous le ministère de Villèle, elle marqua de l’hostilité au Gouvernement et, en représailles, Louis XVIII n’hésita pas à supprimer l’École par Ordonnance du 6 septembre 1822.

Le mercredi 20 novembre 1822, L’ami de la religion écrit : 

« L’ancien séminaire du Saint-Esprit, rue des Postes, qui était occupé en dernier lieu par l’École normale, va être rendu à sa destination. Cette École normale est supprimée, comme on sait, et les maîtres qui occupaient encore le local, ont reçu l’ordre de l’évacuer pour le 15 de ce mois. M. le supérieur du séminaire du Saint-Esprit qui habitait provisoirement une maison, rue Notre-Dame des Champs, doit se transporter vers la fin de ce mois ou au commencement de l’autre, dans l’ancien chef-lieu de sa congrégation, qui avait été bâti par elle quelques années avant la révolution, et qui convient parfaitement à un établissement de cette nature. »

Jour de fête célébré le jour de l’Immaculée Conception : Merci Marie!

Et, à la date du 25 décembre 1822, ce même journal peut écrire :

« Le 5 décembre dernier, le séminaire du Saint-Esprit a été rétabli dans son ancien local, rue des Postes. […] Le dimanche suivant, 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception, seconde fête de la Congrégation du Saint-Esprit le supérieur du séminaire célébra une messe d’action de grâces dans la chapelle de la maison. On chanta un Te Deum, et M. l’abbé Augé prononça un discours, où il célébra le bienfait de la Providence dans le rétablissement d’une institution précieuse pour les services qu’elle a rendus. »

Le 3 avril 1832 le séminaire de la rue des Postes devient un hôpital militaire pendant l’épidémie de choléra à Paris ; il faudra 3 ans avant que l’Armée le rende, après l’avoir beaucoup endommagé. Courant 2022, des grands travaux de rénovation de la maison-mère vont s’ouvrir. Vos prières pour leur bon déroulé sont bienvenues.

Le 8 décembre 2022

Marie-Christine Varachaud