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Avant d’écrire la scène très visuelle où Jésus lave les pieds de ses disciples, Saint Jean en résume brièvement le sens : il les aima jusqu’au bout ; c’est  comme l’ouverture de cette « symphonie » dont le sommet sera bientôt la mort et la résurrection de Jésus.    

L’amour extrême du Seigneur et l’extrême violence du mal et de la haine dont Il est venu nous sauver vont se trouver face à face. L’amour qui se révèle ainsi,  au-delà de ce combat tragique contre le mal, est aussi celui dont parle le  Cantique des Cantiques : une invitation à aimer à l’extrême, c’est-à-dire à aimer tout simplement !  Tout amour est une quête, un « drame » sans fin dans lequel l’amant et l’aimé ne cessent de se chercher : tous les mystiques nous parlent de cette belle aventure : une symphonie silencieuse !

Jésus se penche pour laver puis essuyer les pieds de ses disciples : c’était le geste traditionnel d’accueil et de respect, réservé à l’hôte fatigué du chemin, que l’on recevait comme un messager de Dieu…aujourd’hui Jésus s’agenouille devant ses disciples : ils lui ont été envoyés, « donnés » par son Père. Le chemin du Royaume leur est apparu long et en cette « heure » ultime, ils ont besoin d’être lavés des fatigues de la route et remis debout : « la gloire de Dieu est l’homme vivant ». Par ce geste les disciples sont invités à découvrir le sens de l’itinéraire que Jésus va ouvrir pour eux : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », Pour eux en effet, pour nous : il s’est dépouillé lui-même, prenant la condition d’esclave. Tout à l’heure Jésus reprendra son « manteau » après s’être laissé dépouiller sur la Croix : son vêtement sera celui du Ressuscité ; alors, comme st Pierre, nous pourrons dire nous aussi dans la foi : « Seigneur, dès maintenant, lave moi tout entier ». 

Nous sommes invités à poser les gestes de Jésus à le suivre sur son chemin, en nous inclinant devant le plus pauvre : celui-ci sera toujours un messager que Dieu nous envoie : sachons que de simples gestes d’amour et de respect peuvent bouleverser des cœurs plus que toute parole. Puissions-nous aider à construire un monde où chacun se fait le serviteur de ses frères, dans la joie de servir et d’aimer, la joie d’accueillir, tout simplement. 

En ce jour, nous célébrons l’anniversaire de l’institution de l’Eucharistie : le Seigneur nous y accueille dans sa maison. Vivons cette eucharistie comme un pèlerin qui se sent lavé et remis debout par le Christ après les fatigues de la route. Ayons un coeur d’enfant : laissons le Seigneur nous prendre la main  pour la route qui vient : Par Lui, avec Lui, et en Lui, ce chemin nous conduira vers le Père dans le souffle de son Esprit d’amour. 

François Nicolas, spiritain à Chevilly Larue