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Personne n’échappe à la mort. On peut chercher à l’oublier, se dire qu’elle est encore lointaine, se plonger dans les travaux ou les divertissements pour ne pas y penser, on peut essayer de la repousser un maximum en pratiquant un sport adapté, en veillant à une nourriture équilibrée, on peut adopter la politique de l’autruche… Rien ne l’empêche de frapper un jour à notre porte.

La mort est une épreuve pour tous, on s’en va de cette terre dans laquelle on était enraciné, on quitte ceux qu’on porte dans son cœur, pour aller dans un ailleurs dont on n’a pas l’expérience. Notre foi chrétienne ne nous dispense pas de la peur, elle nous aide à l’affronter. Évidemment, personne n’aime souffrir. Quand la mort est inévitable, elle est souhaitée rapide et sans douleur. Certains la veulent aussi sans conscience.

Devant la mort, chacun se situe différemment, car le parcours terrestre de chacun n’est pas le même, et la mort est pleine du vécu. Autrement dit, chaque jour la façonne avec la tendresse, l’amitié, les réconciliations qui embellissent son visage, mais aussi avec les refus de partager, les mensonges… qui le ternissent. La mentalité actuelle tente d’évacuer la réalité de la mort et de la finitude. Il ne faut pas qu’elle vienne troubler notre tranquillité. Le pape François nous invite au contraire à la regarder en face, à lui redonner un rôle positif.

Réfléchir à la mort nous aide à jeter un regard nouveau sur notre vie. Puisque nous n’emporterons rien avec nous au dernier jour, « à quoi bon se disputer avec un frère, une sœur… ? À quoi sert-il de se fâcher contre les autres ? » Il ne sert à rien non plus d’accumuler des richesses, des honneurs, des avantages, car nous nous en irons « sans rien dans les poches ». À l’heure de la mort, le croyant cherche à s’abandonner, plein de confiance, entre les mains du Seigneur.

Vivre à l’exemple de Joseph

Durant toute sa vie, Joseph s’est attaché à ce qui a du poids et ne passera jamais. Il a mis sa confiance en Dieu le Père, laissant de côté la recherche de ses intérêts personnels, de ses avantages, de ses plaisirs, de ses envies à courte vue, il s’est laissé animer par la présence du Seigneur. Il a existé rien que pour Dieu et avec Dieu. Le P. Ceyrac a écrit un livre qui s’intitule Mes racines sont dans le Ciel. Ce titre exprime exactement la façon de vivre de Joseph. Elle change le quotidien, et permet d’appréhender la mort avec une grande sérénité.

Joseph, apprends-nous à vivre à ta façon, à accueillir le Seigneur en nous, à mener notre vie avec lui, alors nos actions les plus banales auront grande valeur, car elles seront faites avec lui.

Apprends-nous à cultiver ce qui demeure toujours : la capacité de partager, de ne pas rester indifférent aux besoins des autres, aide-nous à amasser, comme toi, « des trésors dans le Ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent » (Mt 6, 20). La mort ne peut pas détruire le meilleur de notre vie, elle l’éternise.

Joseph, apprends-nous à cultiver ce qui demeure toujours : la capacité de partager, de ne pas rester indifférent aux besoins des autres, aide-nous à amasser, comme toi, «des trésors dans le Ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent» (Mt 6, 20). La mort ne peut pas détruire le meilleur de notre vie, elle l’éternise.

La mort de Joseph

Saint Joseph mourut sans doute peu avant que Jésus ne quitte Nazareth pour commencer sa vie d’annonce du royaume de Dieu. Après ce temps, l’Évangile n’évoque plus sa présence. De plus, il avait accompli la mission dont Dieu le Père l’avait chargé, celle de participer à l’éducation de Jésus et de protéger la Sainte Famille en tant que père adoptif. De sa mort, on sait peu de choses. Il est mort aussi silencieusement qu’il avait vécu. Il est sans doute mort entre les bras de Jésus et de Marie.

Voici ce que François de Sales en dit : « … Ayant achevé le service qui était requis au bas âge de Jésus, que restait-il, sinon qu’il dît au Père Éternel : “Ô Père, j’ai accompli l’œuvre que vous m’aviez donnée en charge.” Et puis au Fils : “Mon enfant, comme votre Père céleste remit votre corps entre mes mains, au jour de votre venue en ce monde, ainsi, en ce jour de mon dé- part de ce monde, je remets mon esprit entre les vôtres.” Telle, comme je le pense, fut la mort de ce grand patriarche. »

Passer la mort avec Joseph

Joseph, toi qui as porté Jésus et Marie dans ton cœur jusqu’à ton dernier souffle, tu es sans doute mort entouré par eux. C’est avec le sou- tien de Jésus et de Marie que tu es retourné dans la maison du Père. Pour cette raison, les chrétiens s’adressent à toi comme patron des mourants. Accorde-nous de mourir dans les mêmes dispositions d’abandon à Dieu que toi. À la demande de Dieu le Père, tu étais le gardien de la Sainte Famille, tu restes donc le gardien de la grande famille de Jésus et de Marie répandue sur toute la terre, l’Église. Nous savons que « nous pouvons tous trouver en (toi)… un intercesseur, et un soutien dans les moments de difficultés » (Patris corde). Sois notre pro- tecteur, durant notre vie, et notre secours à l’heure de la mort. Veille sur nous afin qu’au moment de notre passage dans l’autre monde, nous fassions l’expérience de la miséricorde de Dieu qui nous accueille auprès de lui.

Nous confions aussi à ta grande sollicitude tous les mourants et ceux qui les assistent.

Mgr Gaschy, évêque émérite de saint Pierre et Miquelon, en communauté à st Joseph d’Allex dans la Drôme