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Au cœur de la Vallée de l’Ellé, dans la jolie campagne bretonne, se niche l’Abbaye de Langonnet fondée par les Cisterciens en 1136 et acquise par les spiritains en 1856. 

Y vivent en communauté une trentaine de spiritains aînés au retour de leur mission. Un sentiment de quiétude nous saisit dans ses allées. Le clocher typiquement cistercien, le cloître en forme de trapèze et la délicatesse de la salle capitulaire confèrent toute sa noblesse à l’abbaye de Langonnet.

On y visite aussi le musée des arts africains. Les vitrines sont alimentées par les nombreux objets, outils, œuvres d’art rapportés par d’anciens missionnaires au fil des ans. Il est à visiter pendant tout l’été. Et en particulier le 30-31 juillet lors de la fête du Pardon de st Maurice.

On flâne encore près de la fontaine Saint-Antoine et sur le sentier pédestre et spirituel aménagé par les Amis de l’Abbaye, association qui veille à la mise en valeur de ce joyau architectural.

La cour intérieure

Tout autour du cloître reviennent régulièrement 3 écussons portant les armoiries :

  • de l’Ordre de Citeaux, avec l’inscription: Cistercium, mater nostra   (Citeaux, notre mère)
  • du Duché de Bretagne (avec les hermines)
  • de la Congrégation du Saint-Esprit (avec le cœur  et la colombe)

Des vestiges d’un cadran solaire se devinent au 1er étage, au-dessus de la salle du chapitre.
La statue de la Vièrge, au centre de la cour, est une réduction de Notre-Dame-de-France de l’exposition de 1878.

Le Cloître

Le cloître est comme le pivot de l’abbaye. Les bâtiments sont construits tout autour selon le plan traditionnel des abbayes cisterciennes: trois corps de logis disposés en fer à cheval, fermés par la chapelle abbatiale.
Le cloître a une fonction particulière dans toute l’abbaye: il délimite une zone de silence. C’est le lieu de prière et de méditation. Les moines y déambulaient en lisant les parchemins ou les livres saints.
Le cloître actuel de l’abbaye de Langonnet, en béton armé, a été rebâti, entre 1930 et 1936, sur l’emplacement de l’ancien, à l’occasion du 8eme centenaire de la fondation de l’abbaye.
Les cloîtres sont généralement carrés ou rectangulaires. Celui-ci a la forme d’un trapèze avec sept travées côté nord (église), six côté sud, huit côté est (salle capitulaire) et huit côté ouest.
” Il est impossible au visiteur de s’imaginer quel est l’univers du moine s’il ne pénètre pas dans le cloître car c’est le centre de la vie monastique“; d’ailleurs ne dit-on pas “se retirer dans le silence du cloître”

Le Clocher

On dit qu’il est typiquement cistercien.
Les cisterciens étaient des moines qui, voulant revenir à la règle de Saint Benoît (VIème siècle) s’installèrent dans les marais, sur les bords de la Saône. Or le vieux mot gaulois pour dire marais est “cistel”. Ainsi les moines des cistels seront dénommés cisterciens. Leur monastère principal devint “Citeaux”.
L’austérité monastique rejaillit sur l’architecture qui se veut sobre et dépouillée de tout artifice décoratif, d’où ce clocher massif, trapu, aveugle et modeste par sa hauteur pour ne pas concurrencer les clochers des paroisses environnantes.
Sur ce clocher, une date est gravée: 1788. En effet, l’histoire de l’abbaye (située à proximité d’une route stratégique, la voie romaine reliant Vannes à Carhaix.) fut troublée par différentes guerres tout au long des siècles: guerres de Succession de Bretagne, de Cent Ans, de religion…

La grande chapelle

Au XIIIème siècle, l’église de l’abbaye, ou Abbatiale, fut construite dans le même style que la salle du chapitre et devait se présenter comme un superbe vaisseau de style gothique. Mais hommes et événements se sont particulièrement acharnés contre elle voir histoire de l’abbaye.
Après leur arrivée en 1858, le premier souci des missionnaires spiritains fut de restaurer la chapelle. Le style adopté fut une imitation du baroque ou “rococco” L’art baroque cherche à frapper l’imagination par des effets de masse (colonnes, grandes statues), par la richesse et l’exubérance du décor: dessins partout, dorures… Les statues volantes avec amples draperies font aussi partie des éléments décoratifs.

Les stalles datant de 1920-1922 sont l’œuvre des frères spiritains

La salle capitulaire

Nous sommes ici en présence d’un art gothique déja raffiné, avec cette élégante voûte surbaissée reposant sur de fins piliers. C’est, dit-on, la 1ere apparition du gothique en Bretagne. Les moines cisterciens se firent les “missionnaires du gothique”, art nouveau succédant au roman. “Tels de superbes palmiers de pierre, deux colonnes à chapiteaux s’épanouissent en de fines nervures qui, après avoir formé sous la voûte la croisée d’ogives, vont se poser, en longeant les murs, sur des culots moulurés” (P. Elégoët).
Ces ogives forment des courbes harmonieuses, des lignes fines et souples qui invitent à la paix et au recueillement.
Aujourd’hui chapelle de la communauté spiritaine, cette salle était autrefois le lieu de réunion de la communauté des moines autour du Père Abbé. D’où une architecture toujours très soignée. Pour se représenter cette salle telle qu’elle était alors, il faut lui rendre sa sobriété et son austérité primitives: la “verrière en grisaille” à la place des vitraux en couleur, sans statue ni instruments de musique, ni boiseries, ni autel. Les moines s’asseyaient le long des murs sur des gradins de pierres sculptés ou sur des bancs. Le siège du Père Abbé se situait derrière l’autel actuel.
A la première heure du jour, les moines s’y réunissaient tous, autour de l’abbé. On lisait un chapitre de la règle de Saint Benoît: d’où le nom de “salle du chapitre” ou encore “salle capitulaire”. Le Père Abbé faisait un bref commentaire de la Règle, puis indiquait à chacun le travail à faire pour la journée.
Au cours de cette réunion matinale, les moines battaient “leur coulpe”: un moine qui avait manqué à la règle s’accusait de sa faute et en demandait pardon au Père Abbé et à la communauté. Il pouvait se faire “chapitrer”.
Enfin, c’est dans la salle du chapitre que se faisait l’élection de l’Abbé, du moins tant que les moines en eurent la possibilité. Le sol était recouvert de dalles. En 1877, on trouva sous ces dalles quelques pierres tombales. Les Abbés et quelques privilégiés étaient inhumés dans la salle du chapitre. Raoul, évêque de Quimper, décédé en 1158, voulut ainsi être enterré dans cette salle, principalement en raison de la vénération qu’il portait au Père Abbé de l’époque, le célèbre Maurice Duault.

La visite

L’abbaye se visite tous les jours sauf le mardi et dimanche matin :

Les visites sont libres de 9-12h et 14-17h.

 La visite du musée des arts africains est gratuite mais on peut participer aux frais d’entretien et acheter cartes et livrets.
Pour les groupes (scolaires, adultes…) il est conseillé de s’annoncer par téléphone ou internet.

Visites guidées durant l’été

« Les séjours d’été » : Des guides pour les visiteurs durant l’été.
De nombreux vacanciers souhaitent visiter l’Abbaye de Langonnet ainsi que son musée des Arts Africains.
Il est fait appel à des guides bénévoles qui se relaient tous les quinze jours. Cela leur permet de vivre une vie d’équipe et de partage en compagnie d’autres personnes et d’accueillir les visiteurs pour les guider dans les différents lieux à découvrir :
– L’Abbaye, son histoire, sa vie aujourd’hui
– Le musée des arts africains
– Expositions éventuelles
Les séjours d’été sont une activité bénévole, donc non rémunérée : les voyages aller-retour sont à la charge des participants. Par contre, les bénévoles seront nourris et logés gratuitement par la Communauté.
La durée du séjour doit être complète : cela est nécessaire pour une bonne cohésion du groupe, ainsi chacun devra prévoir son planning d’été afin de pouvoir commencer et terminer le séjour avec l’ensemble des membres de son groupe.

Le pardon de St Maurice

Le dernier dimanche de juillet, le 30 juillet est consacré au pardon de Saint Maurice. 

C’est la manifestation commémorative la plus ancrée dans la culture locale, en souvenir de Maurice Duault, second abbé de l’abbaye, porté à la sainteté par la ferveur populaire.

 

 

La communauté des Spiritains à l’Abbaye

La communauté est essentiellement formée de religieux de la congrégation du Saint Esprit ( que l’on appelle d’une façon habituelle les Spiritains ). Ils sont actuellement au nombre de 37. La plupart ont séjourné de nombreuses années en mission en particulier en Afrique, Madagascar, en Amérique Centrale, dans  les Antilles et  l’Océan Indien.

C’est maintenant le temps de la retraite et la possibilité, selon les forces et les moyens de chacun, de continuer à rendre divers services pour la bonne marche de la maison. Le travail ne manque pas.

Pour certains ce sera plutôt des “travaux d’intérieur” porterie, standard téléphonique, bibliothèque, services du courrier, accueil des visiteurs, aides diverses etc…

Pour d’autres ce sont davantage des “travaux au grand air” : jardin et fleurs, entretien des pelouses et du parc, courses diverses à l’extérieur, etc…

La journée est rythmée par les temps de prière, trois fois par jour: prière du matin (laudes) suivie de l’eucharistie, prière du milieu du jour (sexte), prière du soir (vêpres). Les confrères fatigués suivent la messe  à l’oratoire de l’infirmerie. Quelques-uns  assurent régulièrement la messe en paroisse, le dimanche.

 

Une communauté de soeurs accompagne la vie des père aînés

Les religieuses “les Filles de Marie”, originaires de Madagascar et de la Réunion  assurent le service de l’infirmerie. Elles le font avec dévouement et une grande disponibilité. Notons qu’entre leur congrégation et l’Abbaye, les liens sont étroits! En 1848, à la Réunion, le P. Frédéric Le Vavasseur, un des premiers compagnons du P. Libermann et lui-même réunionnais, a été à l’origine de leur congrégation, avec leur fondatrice, Mère Marie Magdeleine de la Croix. Et ce même P. Le Vavasseur,  quelques années plus tard, revenu en France, a été chargé des tractations pour l’acquisition de l’abbaye de Langonnet en 1858.