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Comme bon nombre de citoyens et d’associations, et non sans renfort de nombreux bénévoles, les spiritains se sont mobilisés  un peu partout en Europe pour venir en aide aux Ukrainiens  – près de quatre millions d’entre eux – devenus du jour au lendemain des exilés. Petit tour d’horizon d’un engagement  humanitaire d’urgence, de Bydgoszcz en Pologne à la maison-mère à Paris,  en passant par Sylva au Portugal.

En levant les yeux, voilà qu’Abraham vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui ; dès qu’il les vit, il courut de l’entrée de la tente à leur rencontre et se prosterna à terre. Il dit : Monseigneur,  je t’en prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, veuille  ne pas passer près de ton serviteur sans t’arrêter.  Qu’on apporte un peu d’eau… que j’aille chercher un morceau de pain… Livre de la Genèse (18,2-5)

Un engagement humaniste par delà les frontières

“Ce fut bon de voir se concrétiser le verbe «accueillir», par une vague de solidarité volontaire sponta née, dont nous avons fait ici l’expérience. Plusieurs personnes sont venues à notre rencontre avec ces simples paroles : «Je suis ici pour tout ce qui est nécessaire.» Et, effectivement, il était nécessaire de faire des lits, trier les médicaments, des aliments, des vêtements et d’autres dons, sans oublier de préparer et servir les repas.” Eduardo Miranda, spiritain au Portugal

En Pologne, un  élan de solidarité d’ampleur s’est mis en place  à travers le pays et particulièrement sur le diocèse de Bydgoszcz, frontalier avec l’Ukraine. 40000 réfugiés sont arrivés dans la  ville, soit 10 % de la population. La communauté spiritaine de Bydgoszcz, à l’est du pays, en collaboration avec une association locale, la Fondation polonaise, accueille depuis quasiment le début du conflit des mères avec enfants. Son ancien séminaire a été transformé en un lieu de refuge. «Lorsqu’une bombe est tombée sur une maison voisine, tuant ses habitants, je n’ai plus hésité une seconde de plus, j’ai pris ma mère et ma fille, quelques objets essentiels et je me suis enfuie», raconte Marija, l’une des femmes.

“Il a fallu parer au plus urgent : nourriture, vêtements, logement.. et assurer beaucoup de temps pour des rencontres personnalisées, pour  écouter, encourager, rassurer. Il y a aussi un soutien  spirituel à apporter, au-delà des différences  religieuses – la plupart sont orthodoxes, mais  certains sont catholiques, gréco-catholiques ou protestants. Pendant la semaine sainte, des  chemins de croix en commun ont été organisés. Des célébrations œcuméniques ont été organisées. Des prières pour la paix continuent  partout dans les paroisses.” Sœur Alexandra, sœur de Marie de Schoenstatt, responsable de la Caritas  diocésaine.

Les bonnes volontés se proposent

`«On ne demande rien en retour. Un visage souriant, un enfant qui recommence à parler,  à jouer… des gens qui reprennent vie, espoir,  motivation pour ne pas abandonner… ça nous  suffit. Nous avons créé et aménagé cette maison pour ces femmes. Les réfugiées qui sont là se sentent chez elles. Ce sont elles qui nous accueillent  quand nous venons, avec un café, une soupe,  une fête aux grandes occasions. Avec le premier salaire, elles achètent de quoi partager avec tout  le monde. C’est chaque fois une petite victoire.» Les enfants jouent ensemble. Les plus grands s’occupent des plus petits. C’est jovial et familier même si on voit la tristesse et le chagrin au fond des yeux. Nous avons dégusté avec plaisir une très bonne soupe ukrainienne lors de notre passage, le «barszcz ukrainski». «Nous  avons fêté la Pâque deux fois, avec chaque fois un très bon repas préparé. D’abord, la Pâque des catholiques et, huit jours plus tard, la Pâque orthodoxe, Église à laquelle elles appartiennent presque toutes.» Magdalena, Christophe et Piotr de la Fondation polonaise 

Les pages Jeunes et Mission reviennent sur un temps fort vécu avec l’aumônerie étudiante de Rennes. Michel, spiritain, a accompagné ce pèlerinage des Rameaux, les pieds dans la Baie. Louis nous en partage les fruits dans sa vie. En voici un extrait.

Louis, à gauche, portant le drapeau breton

L’Esprit Saint souffle où il veut, et je crois qu’il  agit également dans ces moments où chaque  chrétien se ressource en rencontrant ses  frères et sœurs dans la foi. Après avoir pris  une bouffée d’air pur, qu’il nous aide à repartir, plein de joie, annoncer l’Évangile dans nos  campus ! Louis, étudiant en logistique, et futur volontaire en Mission Cameroun

Teresa aussi, étudiante en orthophonie et très engagée dans l’aumônerie des étudiants à Rennes témoigne, pas à pas de son chemin intérieur entre rencontres et prière Ma marche vers l’abbaye du Mont Saint Michel

Mon oncle d’Algérie : Regard d’un neveu photographe

Dernier d’une famille de six enfants, Raphaël Gonnet, 47 ans, est réalisateur monteur. Il est parti en 2019 en Algérie passer du temps avec son oncle spiritain, Raymond Gonnet,
en mission dans ce pays depuis 50 ans. Il en est revenu avec une série de portraits photos Visages d’Algérie* qu’il expose à la maison-mère des spiritains à Paris à partir de
la Pentecôte.* visagesdalgerie.com
Quels souvenirs d’enfance gardes-tu des venues de ton oncle Raymond?
Mon premier souvenir de Raymond, je ne l’ai qu’en photo. Il m’a baptisé quelques jours après ma naissance à la messe de Noël dans notre village en Savoie. L’été, il passait à
la maison, plutôt en en coup de vent. Il célébrait des messes. Ado, je me souviens de ses prêches, de sa manière de témoigner de sa vie quotidienne en Algérie lors des
repas de famille. Il apportait une vision de ce qui se passait dans le monde. On était content de le voir. Il partageait le plaisir de la table autour d’un vin de Savoie.
Comment t’est venue l’idée de partir en reportage en Algérie, son lieu de mission ?
A 44 ans, à un carrefour de ma vie, je suis allée pour la première fois en Algérie. J’y voyais comme un lieu de ressourcement. Mais je ne m’imaginais pas à quel point ça
allait me transformer. J’avais envie de témoigner par mon objectif de la présence de Raymond en Algérie. Présence difficile à comprendre pour moi avant de me rendre sur
place. C’est en partageant ses journées que j’en ai perçu son sens. Je prenais en photo des personnes que Raymond connaissait, dans leur lieu de vie à Mascara, Alger, Oran,
Siddi Bel Abbes. Autant, je m’accrochais habituellement à la technique, autant là bas, devant ces hommes, ces femmes, ces enfants je ne pouvais plus me cacher derrière. Je
devais partir de ma sensibilité sans rien expliquer. Mon passeport, c’était Raymond.
Quelles émotions t’ont traversé dans ta découverte de sa mission?
La première, c’est l’admiration. J’ai compris là-bas que mon oncle était un bâtisseur. Il a 80 ans et il n’arrête pas. De la prière à 7h du matin jusqu’au coucher à 22-23h, il est
dans la rencontre, sur la route. On sent que les gens l’aiment. A longueur de journée, on s’arrête pour le saluer. De l’éclopé au pharmacien, du fonctionnaire, à l’artisan sans
oublier le plus pauvre. Son profond respect et son écoute sans jugement m’ont saisi. J’ai aussi compris là bas ce que cela signifiait son choix de rester pendant les 10 années de guerre civile, à ses risques et périls, confronté à la violence mais sans peur de mourir.
Sa vie aurait pu basculer en un instant. Mais ill ne voulait pas de traitement de faveur. Au retour, ça a pu déranger que je fasse une expo autour d’un prêtre. Mais ils n’ont vu en lui rien de grandiloquent, juste une présence fraternelle.

Et retrouvez la méditation de Franz Lichtlé pour accompagner vos étés

Chercher…

 

Notre destinée est de chercher!
Certains quittent leur pays pour chercher la paix, du pain, de la dignité.
Certains quittent leur quotidien pour chercher
un changement, un ailleurs, du repos, des vacances. Certains quittent le monde pour chercher l’absolu, l’infini.
Certains quittent leurs certitudes pour chercher de l’imprévu, de l’inconnu.
Certains ne quittent rien mais se rendent disponibles, sans rien chercher,
car, à force de chercher, parfois on ne trouve rien! En cherchant quelque chose de précis, on risque de ne pas trouver ce qui est à notre portée.
C’est en ne cherchant rien, que l’on se rend disponible à l’insoupçonné…
Et que parfois on trouve Dieu.

Franz Lichtlé