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Aujourd’hui, combien de Chrétiens doutent de l’Église à cause de ses scandales à répétition, à divers niveaux de son organisation. Il ne s’agit pas que de scandales mais bien souvent de crimes commis en son sein. Doutant de l’Église, ils en viennent à douter de Dieu. Dans sa prison, Jean Baptiste se pose bien des questions au point de douter de Jésus dont il a lui-même annoncé la venue. « Est-ce bien toi le Messie ou devons-nous en attendre un autre ? »

L’incertitude, le doute, le questionnement, l’hésitation font partie de notre humanité. Ils sont un signe de bonne santé mentale. Nous les retrouvons tout au long de l’histoire sainte. Si un croyant de n’importe quelle religion, vient nous dire : « Mes convictions sont absolues, ma foi est une certitude, j’ai la vérité, je suis sans questions… », il nous est permis d’en douter.

Bientôt nous verrons Jésus lui-même durant son séjour au désert être tenté, c’est-à-dire avoir des hésitations sur ses choix de vie. Va-t-il utiliser ses capacités pour son profit, rechercher ses avantages ou va-t-il choisir de se mettre au service de son peuple ?

N’est-il pas alors tout à fait normal que nous aussi nous nous posions des questions sur l’existence, la présence ou l’amour de Dieu ?

Les raisons de douter ne manquent pas. Comme Jean-Baptiste dans sa prison nous sommes aussi souvent tourmentés  par tout ce qui semble être la négation de Dieu c’est-à-dire tout le mal, les souffrances énormes qui nous touchent personnellement ou qu’il y a dans l’église ou dans le monde. Et nous entendons ou disons peut-être nous-mêmes des réflexions comme celle-ci : « S’il y avait un Dieu il ne tolèrerait certainement pas de telles choses ».

Au doute de Jean Baptiste Jésus ne répond pas, il ne cherche pas à rassurer les messagers en leur disant : « Oui, c’est bien moi le Messie » mais il les renvoie avec leur question les invitant à chercher eux-mêmes la réponse : « Allez dire à Jean Baptiste ce que vous voyez ». Autrement dit la preuve de Dieu, nous ne la trouverons pas dans les raisonnements, ni dans les discours mais dans les faits. Jésus reprend les paroles d’Isaïe, mais avec une différence essentielle, il ne parle plus au futur mais au présent : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés ».

Si nous trouvons dans les événements douloureux une contre-preuve de Dieu, de même, l’évidence de Dieu nous la trouverons dans les événements positifs, là où le désert reverdit, où le mal est repoussé pour laisser la place à la consolation, l’apaisement, le sourire et la joie.

Il y a cependant une objection : comment peut-on parler d’un salut déjà là, lorsqu’on voit l’égoïsme et la haine qui sévissent partout dans le monde. Et bien justement, répond Isaïe, ce n’est qu’au cœur de cette désolation que peut germer l’espérance et il le dit de façon très poétique : « Que le désert et la terre de la soif se réjouissent, que le pays aride exulte et fleurisse ».

Il signifie que l’espérance n’est possible que là où il y a un manque à combler, un appel à exaucer, un besoin, un désir à satisfaire…

Jésus exprimera cela encore mieux lorsqu’il dira : « Heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent, heureux ceux qui ont faim et soif de justice …»

Ce temps de l’Avent a pour objectif de nous rapprocher de toutes celles et ceux qui vivent dans l’aridité de leur solitude, qui ont soif de dignité, qui rêvent de devenir un jour des femmes et des hommes comme tout le monde…

Il ne suffit pas de nous lamenter sur le sort de notre société individualiste, il ne suffit pas de rêver d’un avenir plus beau, il ne suffit pas de souhaiter une église autre, c’est aujourd’hui, au présent qu’il nous faut construire un salut pour tous.

Franz Lichtlé, rédacteur de la revue spiritaine à Paris