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La Semaine missionnaire mondiale se clôture aujourd’hui. Benjamin Osio, spiritain, architecte à Port au Prince en Haïti nous partage son homélie du dimanche de la mission.

Nous pouvons retenir trois thèmes des textes qui nous sont proposés pour cette journée mondiale de la mission : l’universalité, l’humilité et la justice.

L’universalité c’est celle de l’amour de Dieu avant tout. Une bonté radicale, créatrice, qui ne fait pas de différence entre les hommes (cf. 1ère lecture : “le Seigneur se montre impartial envers les personnes”).

C’est une des caractéristiques de l’amour que d’être sans limite, sans distinction, sans arrière-pensée…

De l’universalité de l’amour découle celle de la parole de Dieu : elle est pour tous.

Il en va donc de même pour la mission, qui est un élan vers tous.

Elle n’est pas une conquête mais un partage, un cadeau à donner.

Le but n’est pas de convaincre absolument mais d’adresser une invitation à la Rencontre, d’offrir ce que l’on a soi-même reçu.

C’est l’expérience de Paul (cf. 2ème lecture) qui a conscience d’avoir bientôt achevé sa course missionnaire.

Il a surtout conscience d’avoir été rempli de force par le Seigneur pour que la proclamation de l’Evangile atteigne toutes les nations.

Le Nouveau Testament n’est pas très explicite sur la manière d’exercer la mission. L’Evangile n’est pas un manuel d’évangélisation, mais l’histoire d’un homme qui a tout donné.

Il y a, en réalité, autant de missions que de chrétiens. On pourrait entendre : « Laisse-toi rejoindre par le Christ et donne ce que tu es, de tout ton cœur. Par ta vie, sois témoin ! » Voilà l’Evangile.

Personnellement, j’ai été touché, dès mon entrée chez les spiritains, par les missionnaires âgés près de qui se trouvait le Postulat, à Chevilly-Larue. Je ne les ai pas connus en terrain de mission, dans les pays où ils ont passé leur vie, mais par ce qu’ils dégageaient, par leur expérience éprouvée, leurs mots simples, leur attitude, leur regard, ils étaient témoins.

L’humilité dont parlent les textes d’aujourd’hui est celle du pauvre qui crie justice, qui persévère dans l’effort, qui en appelle sans relâche au Seigneur parce qu’il s’en sait dépendant.

C’est le publicain de l’Evangile qui n’a rien d’autre à présenter à Dieu que sa petitesse.

Se reconnaitre petit, c’est admettre qu’il y a plus grand que nous. C’est une condition nécessaire à la prière et à la rencontre de Dieu. A la rencontre des autres également : pour être entendu, pour qu’il y ait vraiment relation, il nous faut être proche de notre interlocuteur, au même niveau que lui, voire un peu plus bas. Si on est trop haut, on a beau tendre la main, elle reste inaccessible.

Heureux les pauvres de cœur, nous dit Jésus, le Royaume des Cieux est à eux…

La justice, c’est un mot fort. Ce qu’elle engage paraît souvent lointain.

Pourtant, elle est bel et bien promise.

Le pauvre du Siracide (1ère lecture) n’en doute pas. Il attend résolument que le Seigneur ait rendu justice.

Saint Paul, lui aussi, sait à quoi s’attendre : « Je suis prêt à recevoir la couronne de justice ».

Jésus en est convaincu aussi : « qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ». Il s’agit là d’une affirmation, pas d’un souhait. Il l’a lui-même expérimenté. Il s’est donné pour la multitude, il s’est abaissé par humilité et il a été justifié en faisant triompher la vie.

Prions pour que tant et tant de pauvres, d’humbles, d’humiliés, de victimes… en Ukraine, en Arménie, en Haïti, au coin de nos rues et même dans nos communautés et nos familles, puissent se réjouir de voir germer la justice autour d’eux, en signe du triomphe de l’amour pour lequel, tous et toutes, nous sommes venus au monde.

Benjamin Osio