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Nouvelles du groupe international Spiritain Algérie dans le diocèse d’Oran à Mascara et Sidi Bel Abbès

Quatre spiritains : un français à Mascara,  Raymond Gonnet et trois à Sidi Bel Abbès : Michel Crestin (français) Henry Chimezié Osuji (nigérian) et Jean Marc Bertrand (français) nous donnent de leurs nouvelles à l’aube de 2021.

Que faisons-nous en Algérie?

Dans ce pays où l’islam est religion d’État et à 98 % musulman, la présence spiritaine peut interroger. Voici l’éclairage de Jean Marc Bertrand :

Nous sommes  une toute petite Eglise  immergée  dans une société de tradition musulmane ; les activités que nous avons dans nos centres sont des lieux de rencontre, de collaboration avec des animateurs(trices) monitrices, enseignants(es) bibliothécaires, algériens; ce sont des lieux au service de la population : éducation, formation, culture, dignité de la femme, activités sportives, sorties…dans le sens d’un « développement intégral de la personne ». Ces collaborations, ces rencontres sont des lieux quotidiens du vivre ensemble dans la paix entre gens de cultures et de religions différentes.

Nous avons aussi quelques personnes  algéro-musulmanes, individus ou familles qui sont fidèles par  leur amitié et qui nous assurent de leur fraternité de croyants, nous encouragent et  nous aident par de petits gestes.

Vivre ensemble dans la paix et la durée

Nos engagements  de spiritains dans ces centres : à  Sidi Bel Abbès, Henry donne des cours d’anglais pour adultes. Michel assure des cours de Français pour adultes et il anime aussi des activités sportives pour enfants et jeunes. Jean Marc donne aussi des cours de Français pour enfants et adultes. D’autres « centres » similaires au nôtre existent sur le diocèse. Des rencontres diocésaines auxquelles nous participons nous permettent d’échanger, de nous entraider.

A Mascara, nous nous retrouvons une fois par mois avec des amis musulmans  pour partager notre recherche de Dieu et nos réactions de croyants face à des problèmes de société, face à des évènements de notre vie. Depuis 3 ans de sa création,  la journée internationale du vivre ensemble dans la paix, le 16 mai de chaque année, nous permet de nous rassembler entre quelques musulmans et chrétiens pour un temps de prière et d’échange chez les uns et les autres.

Il nous faut durer des années pour tisser des relations profondes et amicales avec la population ; ceci afin de mieux pouvoir connaître les gens et savoir mieux les aider par de l’écoute, de l’aide pour des problèmes de santé, de logement, de précarité…

Les conditions propices au dialogue interreligieux

Des évènements dramatiques de terrorisme dans  le monde, quand ils sont parfois en lien avec des appartenances religieuses, nous invitent à plusieurs choses :  ne pas généraliser nos jugements sur l’islam à partir de ces drames, et donc à témoigner de notre vivre ensemble dans la paix entre chrétiens et musulmans ici (qui est d’abord un vivre ensemble en tant que frères humains sur une même terre). D’autre part il nous faut aussi rester lucide sur le fait que le fondamentalisme peut contenir en germe l’appel à la haine, au rejet, à l’intolérance, à la violence. Nous sentons là un appel  à travailler ces questions dans les différences instances d’éducation et de  formation dans nos religions respectives.

Un autre aspect au cœur de ces questions, c’est, dans d’autres contextes, le mépris sur la religion de l’autre publié dans les médias (dessins, textes) au nom d’une certaine conception de  la liberté d’expression qui peut blesser et donc provoquer. Nous pensons que la liberté d’expression a des limites : celle du respect de ce qui est vital et sacré.

Nous avons aussi la tâche d’accompagner de petites communautés chrétiennes, formées principalement d’étudiants de divers pays sub-sahariens. Il n’y en a pratiquement pas sur Mascara. Par contre sur Sidi Bel Abbès, avec Henry comme curé, une petite communauté chrétienne d’étudiants a son rythme et sa vie (messes, formation/catéchèse,  participation à des camps d’été).

Être aux côtés des migrants

Sur d’autres villes du diocèse et d’Algérie, il y a des communautés chrétiennes un peu plus grandes, et selon les régions, une présence importante d’adultes migrants, pour lesquels la vie est bien difficile avec notamment des  reconduites aux frontières

Nous visitons aussi en prison des détenus chrétiens originaires de divers pays africains : ils sont  bien traités mais  le fait qu’ils soient chrétiens et d’origine subsaharienne ne leur  rend la vie parfois pénible à cause donc de leur identité ethnique et religieuse. Visites et  correspondances de la part de permanents de l’Eglise sont alors une bouffée d’oxygène pour eux.

Dans cette dimension de la pastorale, les prêtres en charge des paroisses du diocèse se retrouvent régulièrement, avec l’évêque Mgr Jean Paul Vesco, dominicain, autour de cette pastorale pour partager, s’entraider et aussi faire un programme d’activités d’été pour les étudiants subsahariens. Il en est de même pour la pastorale diocésaine auprès des migrants ainsi que pour la pastorale diocésaine de l’aumônerie des prisons. Là aussi en lien avec la vie des 3 autres diocèses d’Algérie.

Un service main dans la main avec les religieuses

Notre présence spiritaine  à Mascara est associée à une communauté de sœurs «missionnaires de l’Immaculée »  (= les sœurs des PIME, missionnaires italiens de Milan) (indiennes, bangladi et italiennes) et notre présence spiritaine à Sidi Bel Abbès est associé à une communauté de deux sœurs salésiennes (indiennes). Les religieux et religieuses en Algérie sont  surtout d’origine  européenne (Espagne, France, Italie, Pologne surtout) et avec de plus en plus des personnes d’origine Africaine (surtout Mali, Burkina) Malgache et Asiatique (Inde surtout).

Si je souligne le partenariat de notre présence spiritaine dans les deux lieux où nous sommes avec des religieuses, c’est qu’une partie des activités des centres/paroisses où nous vivons, est liée aux  algériennes et que dans un pays de tradition culturelle surtout arabo-musulmane, les relations aux femmes, les visites à domicile sont beaucoup plus limités pour les hommes.

Dans l’Eglise d’Algérie, la quasi-totalité des permanents chrétiens sont étrangers, et la quasi-totalité des permanents chrétiens sont des religieux(ses).  Nous avons donc dans le diocèse d’Oran une organisation et animation diocésaine des consacrés  assez active, et nous y participons bien sûr activement, de même qu’au niveau national.

Nous espérons que ces mots de partage vous éclairent sur notre apostolat en Algérie.