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Corentin le Solliec

est décédé à Carhaix-Plouguer à 89 ans

Fils de cultivateurs dans un secteur rural des Côtes-d’Armor, membre d’une fratrie de dix enfants, on comprend l’attrait de Corentin pour les beautés de la nature, les arbres, les fleurs, le chant des oiseaux… Après ses années de formation, c’est le départ, en octobre 1962, pour le Congo Brazzaville. Sa première année, à Fort-Rousset, il la consacre à l’apprentissage du lingala. 

C’est à Kellé, où il restera dix ans, que Corentin montre ses talents de mécano : avant de partir en congé, le P. Martin Joosten lui avait bien recommandé de ne pas toucher à la vieille Land Rover en panne ; à son retour, quelle n’est pas sa surprise de voir la fameuse voiture venir l’accueillir à l’avion, avec Corentin au volant ! Le père Scheer garda un souvenir merveilleux de ces années de brousse passées avec Corentin Le Solliec qui oeuvrait dans ce pays avec courage et discrétion.

Lors de sa visite du secteur en 1975, Joseph Gross, alors supérieur principal du Congo, constate le grand isolement de Corentin face à l’immensité du secteur fluvial, à plus de 400 km de la mission voisine de Mossaka. C’est à partir de ce constat que l’idée vient à Joseph de mettre sur pied une équipe itinérante, « l’équipe du fleuve », qui va naviguer sur l’Oubangui et sur le Congo sur de très longs trajets en canot, en pirogue à moteur, parfois sur des barges qui remontent de Brazzaville à Bangui. Corentin se trouve embarqué dans cette équipe avec Joseph Wollenschneider et Paul Le Berrigaud. Je les rejoins en 1977.

En nous inspirant de la méthode catéchétique orale venue du Tchad, nous prenons, chaque année à la même période, les mêmes passages d’Évangile ; cela aide les gens à mémoriser les textes et à les intérioriser. Au cours de sessions de huit jours, nous visons à former des équipes de laïcs qui reçoivent la mission d’animer leur communauté le long des 600 km de l’Oubangui. Plus tard, le nouvel évêque du diocèse trouvant préférable de mettre un prêtre dans chaque communauté, ce sera la fin de cette expérience.

En 1982, Corentin vient me retrouver à Lékana où, pendant dix ans, nous desservons des communautés sur le plateau Koukouya et au-delà, selon la même méthode d’évangélisation que sur le fleuve. En 1992, il va rejoindre Jean Gardin et Marcel Pelhate à Impfondo. La plus grande partie de son temps, il le consacre alors à la pastorale auprès des anciens et des pauvres qu’il visite dans les quartiers.

En 2004, Corentin vient à Langonnet. Il y rend de multiples services : entretien des pelouses et des arbres fruitiers, liturgie communautaire… Le jour des Rameaux 2007, il est victime d’un sérieux avc. Longue et pénible, la rééducation reste incomplète. Il continue malgré tout à rester actif de nombreuses années, renonçant toutefois à l’animation liturgique, jusqu’à ce deuxième AVC quelques jours avant son décès.

Toute la vie de Corentin s’est déroulée dans une grande discrétion, surtout vers la fin où il souffrait d’une certaine solitude, en raison de sa difficulté à communiquer… L’essentiel a été l’amour qu’il a su montrer à tous ceux que la vie lui a fait rencontrer. 

Victor BLANCHET

SON PARCOURS

  • Né le 10 mars 1932 à Mellionnec (22)
  • Profession religieuse le 8 septembre 1951 à Cellule
  • Ordonné prêtre le 1er octobre 1961 à Chevilly-Larue
  • CONGO : Fort-Rousset (Owando) (1962-1963 : vicaire) ; Kellé (1963-1973 : vicaire) ; Impfondo (1973-1975 : vicaire)
  • CONGO : Mossaka et Impfondo (1973-1981 : Mission itinérante sur le fleuve).
  • FRANCE : Maison Mère (1981-1982 : recyclage AFM).
  • CONGO : Lékana (1982-1992 : vicaire) ; Impfondo (1992-2003 : curé).
  • FRANCE : Langonnet (2004-2022 : retraite)