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En cette solennité de l’Assomption, Richard Fagah se laisse guider par Marie sur les routes estivales.

La Vierge Marie comme « signalisation routière »

Il y a de cela un an, il m’est arrivé de passer un mois à remplacer des confrères dans un secteur rural. Il m’a fallu me sevrer de mes « bonnes habitudes » parisiennes du transport en commun pour reprendre le volant afin de rejoindre les divers clochers. Les itinéraires que je devais emprunter s’entrecroisaient de telle manière qu’il aurait été inutile de vouloir les mémoriser d’emblée. Évidemment, j’avais recours au GPS. Mais ce qui me facilitait le plus la vie, c’était la signalisation routière. La signalisation routière est tellement bien faite qu’il est presque difficile de se perdre. Un GPS peut ne pas être à jour et vous orienter sur un chemin qui vous éloigne de votre destination. Les panneaux de signalisation routière, quant à eux, vous indiquent toujours la bonne direction à suivre.

On peut penser notre foi, notre vie des croyants et notre vie spirituelle, comme un long cheminement sur une route balisée par des panneaux de signalisation. Et l’un de ces panneaux, qui nous pointe toujours dans la bonne direction, c’est la Vierge Marie. C’est l’une des raisons qui expliquent pourquoi l’Église est si attachée à la figure de la Vierge.

Elle qui a su s’abandonner entièrement à la volonté de Dieu

La solennité de l’Assomption nous offre une occasion de nous replonger dans la spiritualité mariale de l’Église. Une spiritualité simple, modelée sur l’expérience originaire de Marie, sur son exemple, elle qui a cru tout simplement. Elle qui a su s’abandonner entièrement à la volonté de Dieu. À force de regarder Marie de près, à force de se mettre à son école, on découvre en profondeur ce que c’est la foi de l’Église. Elle n’est pas faite de fantasmes, notre foi, la foi de l’Église. Elle est faite de la réalité vécue d’une personne toute simple, mais que Dieu élève parce que, dans la simplicité de sa vie, elle permet à Dieu de se révéler et de montrer ce dont Dieu est capable de faire avec les hommes quand nous collaborons avec sa grâce.

« Heureuse celle qui a cru » et qui nous invite à croire

À elle seule, la Vierge Marie représente notre humanité dans ce qu’elle a de potentiel, c’est-à-dire ce qui peut être notre destinée à tous, lorsque nous faisons le pari de croire en dépit de tout ce qui peut motiver notre incroyance. Dire que Marie est notre représentante, c’est affirmer que le stade où elle est arrivée en termes de bonheur, en termes de béatitude, nous pouvons y accéder nous aussi, à condition de faire preuve de la même foi et du même abandon. Du coup, « Heureuse celle qui a cru » égale « Heureux sommes-nous qui croyons », si nous croyons vraiment.

Dans les pas de “la première en chemin”

Dès lors, l’assomption de la Vierge Marie corps et âme dans le ciel fonctionne pour nous comme une destination au bout d’un long voyage sur une route sinueuse et pleine d’embuches. Mais cette route ne manque plus de signalisation, puisque la bienheureuse Vierge Marie nous y précède et que nous disposons de son aide précieuse. Chacun de nous peut espérer arriver à destination en suivant la signalisation, en cheminant ensemble en Église sur les pas tracés par la « première en chemin », la première croyante en Christ, Marie, la Mère de l’Église.

La visitation pour un partage de foi

L’Évangile que la liturgie de ce jour nous propose de méditer raconte l’épisode qu’on appelle la Visitation. Marie va rendre visite à sa cousine Élisabeth. La foi met en mouvement. La foi nous mobilise. Elle nous déplace vers les autres dans un élan de partage de ce que nous avons reçu comme message. Une foi qui ne met plus en mouvement, qui ne mobilise plus, est bientôt morte parce qu’elle ne se partage pas. Marie dans la Visitation nous donne l’exemple de ce qui découle naturellement d’un cœur croyant. Et c’est pourquoi, passée de l’autre côté, arrivée à destination, elle ne cesse de nous rendre visite à travers des manifestations de sa présence en des nombreux endroits.

Encore aujourd’hui, elle ne cesse de nous répéter ce qu’Élisabeth disait d’elle : « Heureuse celle qui a cru ». Elle nous le dit incessamment : « Heureux êtes-vous qui croyez ». Elle est encore plus proche de l’humanité et nous pouvons compter sur son secours et sur sa prière, aujourd’hui, à l’heure de cette interminable épreuve sanitaire du Covid-19, maintenant et à l’heure de la mort. Amen !

Richard Fagah, spiritain à Rennes