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« Il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance »

(1 Th 4,13)

Mercredi nous sommes entrés en Carême, manière renouvelée en ce temps liturgique si original, d’entrer dans « le combat de Dieu ». Il y a des années où nous avons la possibilité (le luxe ?) de nous fixer nos exercices de piété et de choisir nos axes de conversion. Il y a des années où la maladie, l’isolement, les bouleversements de nos vies ou les événements du monde nous mettent sous pression et nous dictent de l’extérieur ces réalités de nos vies à ouvrir au Christ, à sa grâce et à sa miséricorde. Cette année, les cendres auront plus que d’habitude et sans avoir besoin de plus d’explication, un goût d’amertume, d’aridité, de sécheresse et de mort. Inutile de déchirer nos vêtements, nos cœurs le sont déjà.

Entrer en Carême signifie nous mettre avec le Christ sur le chemin de sa Pâques. Chemin d’accueil de son Esprit qui, au creux de nos pauvretés, fait briller la vie de Dieu, laisse passer son Souffle, quelques soient obstacles ou périls.

Si le Carême est souvent envisagé comme un temps d’ascèse et de partage, je voudrais vous inviter, tous, à approfondir ce qui en nos vies et en ce chemin de Carême relève de l’espérance. N’est-ce pas de ce côté-là que nous ressentons aujourd’hui un déficit majeur autour de nous, dans le monde… et peut-être en nous ? L’espérance chrétienne est don de Dieu, assurance intérieure, lumière sur la route. Cette espérance nous concerne personnellement, mais elle n’est vraie que si elle porte aussi chacun de ce monde, notamment les plus petits et les plus abîmés. Grâce à Dieu, espérer pour soi, espérer avec et pour tous.

Contrairement à une idée commune, l’espérance n’est pas déconnectée du réel. Comme l’indiquait avec pertinence le Pape Benoît XVI dans sa belle réflexion théologique Sauvés dans l’espérance (Spes salvi, 2007), « tout agir sérieux et droit de l‘homme est espérance en acte. » (n° 35)

– Puissent donc ces quarante jours qui nous mèneront vers Pâques nous ouvrir le cœur et l’intelligence à la lumière de l’espérance qui trouve sa source en la vie, la mort et la résurrection du Christ.

– Puisse notre prière personnelle et nos offices liturgiques en être marqués.

– Puissions-nous enfin rechoisir, librement et courageusement, de poser les actes du prendre soin de nos frères et de nos sœurs, des plus proches aux plus oubliés. Ces actes redisent la dignité de chacun et que l’espérance est possible.

Marc Botzung, Provincial de France