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Peut-on traverser un désert, gravir une montagne sans guide ? Guérir sans médecin? Progresser dans la vie spirituelle sans la parole d’un frère ? Personne ne vit sur son propre fond. Jésus lui-même, tel le pied de vigne puise la sève de son amour dans le sol nourricier de la relation vitale avec son Père, pour la redonner généreusement à ceux qui mettent leur confiance en lui.
Jean Pierre Buecher, spiritain à Saverne, Alsace

La joie du vigneron à la vue des premières feuilles

Les cerisiers, les pommiers en fleurs… nous venons de vivre à nouveau cette ivresse du printemps, de la nature qui explose de vie et de couleurs pour notre plus grande joie.
la joie du vigneron de voir sa vigne, celle qu’il a travaillée avec tant de soin, sarclée, repiquée, taillée. De voir la sève monter et les sarments suer, goutter, les bourgeons éclater et produire comme par enchantement sous la forme d’une petite corolle de feuilles si tendres et si fragiles.
Soyons heureux de partager ainsi l’infinie joie et tendresse du Père créateur en personne.

Jésus et la parabole de la vigne

Depuis si longtemps, dans le peuple de Dieu, les prophètes ont été inspirés par cette image de la vigne et présenté Dieu à l’adoration des croyants comme ce vigneron qui crée un monde, y plante son peuple
pour lui faire porter les meilleurs fruits. Dès que les premiers disciples, au lendemain de la Résurrection ont commencé à marcher dans la «voie» ouverte par le Seigneur. Dès qu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas le faire sans lui, qu’ils ne pouvaient pas faire un seul pas sans en puiser la force dans un vivant contact avec lui, ils se sont rappelés que Jésus lui-même, la veille de donner sa vie, a utilisé, dans son immense simplicité, cette image si riche de la vigne. Oui, leur dit-il, je m’en vais, mais immédiatement je serai vivant avec vous, je demeurerai en vous, vous demeurerez en moi… Vous vivrez par moi comme un sarment de vigne ne vit que d’être branché sur le pied de vigne qui lui transmet sans cesse la sève de la vie.

Le sol nourricier de la relation vitale à Dieu le père

Peut-on traverser un désert, gravir une montagne sans guide ? Guérir sans médecin? Progresser dans la vie spirituelle sans la parole d’un frère ? Personne ne vit sur son propre fond. Jésus lui-même, tel le pied de vigne puise la sève de son amour dans le sol nourricier de la relation vitale avec son Père, pour la redonner généreusement à ceux qui mettent leur confiance en lui.
La vie est une. Le miracle de son éclosion et de son achèvement dans la plus humble plante nous permet fort bien de saisir ce que le Seigneur réalise dans la vie spirituelle du croyant.
Oui, l’image de la vigne est parfaite, et pourtant, une image ne dit pas tout. On ne peut pas «satisfaire» la curiosité, on ne peut que l’aiguiser en une quête jamais achevée.
Et heureusement, car là est le dynamisme de la vie. Jésus développe l’image en des détails qu’il aurait pu taire, il nous aurait laissés dans l’ignorance. Mais ils sont bien là qui nous intriguent ou même nous choquent parfois mais comme autant de régions à explorer, de petits secrets à découvrir, à approfondir, car ils sont les grands mystères de la vie spirituelle. Depuis 2 000 ans, les mystiques, les Saints, et tant de
simples croyants comme nous ont exploré ces pistes ouvertes par le Seigneur en personne. A nous aujourd’hui, dans le monde d’aujourd’hui, de nous mettre à l’écoute.

Pour une vigne qui porte du fruit

– Jésus dit que le Père taille, émonde et même parfois coupe la branche morte. Cela peut nous choquer. Nous savons pourtant qu’il en va bien ainsi dans la vie réelle.. Il faut enlever les «gourmands» sur le pied de tomates pour que les fruits murissent. Il faut au père et à la mère de famille dire parfois non pour permettre à leur enfant de grandir et de devenir un être libre. N’y -a-t-il pas dans ces images à découvrir les secrets de la croissance spirituelle ? C’est dans les moments de nuit et de sècheresse que Dieu nous fait faire des pas décisifs. Peut-être avons-nous trop oublié et négligé l’expérience de tous les Saints, les Thérèse,
Jean de la Croix, Ignace de Loyola, François Libermann et tant d’autres.
– Jésus dit que vivre, c’est se laisser purifier, qu’est-ce à dire ? Quelle est cette purification? Sommes-nous prêts à l’accepter? La sève coule, elle est offerte, c’est notre conviction. Mais elle rencontre des obstacles
que nous sommes bien incapables d’enlever par nous-mêmes. Le Christ nous offre sa vie. Saint Paul dit : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi »… Peut-on participer à la vie d’un autre? Peut-on vivre de la vie d’un autre? Certes, le Christ ne vit pas la vie à notre place mais il nous dit: «Lève-toi! et marche!»
– Le Christ dit: « Nous ferons notre demeure en vous». Sommes-nous vraiment habités par cette vision pour nous et pour le voisin? Nous savons bien comment celui ou celle qui nous aime habite en nous. Nous savons bien qu’il nous parle encore. C’est tellement plus vrai pour le Ressuscité que plus rien n’empêche de demeurer en nous. C’est le mystère-même de toute amitié.

La vigne : symbole par excellence de la communauté

– Je peux avoir un pied de vigne pour agrémenter mon jardin, mais je le sais, cela ne fait pas encore une vigne. Jésus prend garde de dire qu’il est le pied de vigne, mais aussi la vigne toute entière!
Dieu plante toujours toute une vigne, une communauté, un peuple, un monde.
En notre temps d’individualisme, prenons-en conscience à nouveau. Une vie sans famille, sans rencontre, sans embrassades, nous voyons, en ce temps de pandémie, combien cela est triste. Prions aujourd’hui pour l’Eglise si malmenée. Mais surtout reprenons plaisir à faire Eglise, à être ensemble la vigne du Seigneur.
– Ce qui fait la joie et la gloire de mon Père, dit Jésus, c’est que vous portiez du fruit ! N’est-ce pas le désir de tout amour? Réjouissons-nous des fruits que nous offre notre voisin et ne tardons pas à les goûter.
Nous connaîtrons d’autant mieux ceux que le Seigneur veut nous voir offrir.
Mais surtout, n’oublions pas qu’il ne s’agit pas seulement là de nos productions à nous, mais de ceux qui se sont tournés vers le Christ parce que nous leur avons annoncé sa Bonne Nouvelle.
Homélie de Jean-Pierre Buecher pour le dimanche 2 mai,  5ème Semaine du Temps Pascal, Jean 15, 1-8
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