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En un clin d’œil, Jean a vu et il a cru que celui qui était source de tant de vie ne pouvait pas rester enfermé dans la mort.

Mgr Jean Marie Gaschy, évêque émérite de st Pierre et Miquelon

Aujourd’hui, nous célébrons l’amour qui a triomphé de tous les maux qui avilissent la personne humaine. Pâques sort l’humanité de ses ornières. Elle est la fête d’un recommencement, d’une création nouvelle façonnée par l’amour de Dieu.

Le regard de foi en Jésus-Christ nous oriente vers la victoire de l’amour de Dieu, la résurrection

Avant de comprendre cela, les disciples de Jésus étaient sous le choc de la mort atroce, injuste de Jésus. Ils ne s’attendaient pas que Dieu fasse jaillir la vie, la résurrection, de l’horreur d’une mort terrible. Pour eux, la mort de Jésus était un échec cuisant, définitif. N’aurions-nous pas réagi de la même façon ? 

En considérant ce qui se passe dans le monde, certains se demandent où Dieu se cache-t-il pour que les violences de toutes sortes, les guerres, la famine, les tortures, le terrorisme, la pandémie puissent allègrement tuer, ensanglanter notre planète, que nos activités industrielles, et la surconsommation puissent la détruire ? Beaucoup de chrétiens, condamnés injustement, continuent à monter au calvaire. Pascal disait que « Jésus est en agonie jusqu’à la fin du monde ». 

Le regard de foi en Jésus-Christ ne s’arrête pas à l’échec auquel mènent toutes ces calamités. Il nous oriente vers la victoire de l’amour de Dieu, la résurrection. Comme l’évangile de ce jour nous l’indique, c’est le chemin que parcourent déjà les premières communautés chrétiennes.

Après le cauchemar de la mort de Jésus, Marie-Madeleine se rend au tombeau, constate que la pierre qui fermait le tombeau est enlevée. Elle revient avec ce message : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis. » Elle s’est arrêtée à ce qu’elle a constaté, et imaginé. 

En entendant cela, Pierre et Jean courent au tombeau. Pierre aperçoit les linges soigneusement rangés chacun à sa place. Il se rend compte qu’il ne s’agit pas d’une profanation du tombeau, mais il ne comprend pas. 

Les années qu’ils ont passées avec Jésus se sont soudain éclairées d’une lumière nouvelle.

Jean entre à son tour dans le tombeau : « Il vit et il crut ». Avec ses yeux, il n’a pas vu autre chose que Pierre. 

De même que ceux qui pleurent un être cher pensent à ce qu’ils ont vécu avec lui, de même Jean regarde la vie de Jésus avec son cœur. Il se rend compte que Jésus a semé tant de vie durant son ministère en Palestine. Il se rappelle ses œuvres de vie, de pardon, d’espérance qui a mis la joie au cœur des foules. Il a guéri des aveugles, des lépreux, il a relevé les personnes de leurs détresses, il a fait revenir Lazare à la vie, il a donné la vie à profusion. Il se rappelle le repas du jeudi saint où il avait partagé son corps livré et son sang versé. En un clin d’œil, il a vu et il a cru que celui qui était source de tant de vie ne pouvait pas rester enfermé dans la mort.

Marie-Madeleine, Pierre et Jean se sont mutuellement confortés dans la foi en Jésus. Ils ont soutenu la foi de la première communauté. La foi de chacun permet à celle des autres de grandir. La foi chrétienne est une foi communautaire qu’on vit ensemble. Comment vivons-nous cette dimension de la foi ? Dans une société qui se construit essentiellement sur le développement matériel, notre foi a besoin d’être soutenue.

Dans la première lecture Pierre affirmait que « celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité. » Il fallait l’audace de la foi pour dire cela dans le pays d’Israël, car ceux qui évoquaient la résurrection de Jésus étaient passibles de prison. Mais sa foi bravait les sanctions qu’on pouvait lui infliger. 

Les apôtres, témoins du parcours de Jésus, ont été bouleversés par l’événement de Pâques. Les 3 années qu’ils ont passées avec Jésus se sont soudain éclairées d’une lumière nouvelle. La mort de Jésus, qui paraissait un échec cruel, s’est transformée en une victoire éclatante. La croix de Jésus n’est pas que souffrances, elle est surtout l’amour divin plus fort que le mal quel qu’il soit. 

Nous ne vivrons Pâques dans toute sa splendeur que dans le Royaume de Dieu. Le Ressuscité nous en a ouvert le chemin d’accès. Mais dès à présent, à la suite du Christ et avec lui, que notre vie soit une mission d’amour afin que vienne le règne de Dieu et de son amour sur cette terre. Donne-nous, Seigneur, d’être témoins de la résurrection seul chemin de vie !

Mgr Gaschy, évêque émérite de st Pierre et Miquelon